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Nat. Sci. Soc.
Volume 27, Numéro 3, Juillet/Septembre 2019
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Page(s) | 350 - 356 | |
Section | Regards – Focus | |
DOI | https://doi.org/10.1051/nss/2019047 | |
Publié en ligne | 3 janvier 2020 |
Le projet multiple des chercheurs d’aujourd’hui : entre exigence personnelle, dépendance financière et excellence formelle
The multiple project of today’s scientists: maneuvering between personal requirements, financial dependence, and formal excellence
Écologie évolutive, Université de Lille, CNRS, UMR8198 Evo-Eco-Paleo,
Lille, France
* Auteur correspondant : maxime.pauwels@univ-lille1.fr
Pour les chercheurs et enseignants-chercheurs, et leurs institutions de rattachement, le concept de projet est omniprésent depuis que le Conseil européen a encouragé, en élaborant la stratégie de Lisbonne, le financement de la recherche sur projet. Il est pourtant bien rare de discuter ce que l’on entend par projet. Trois définitions non exclusives sont proposées. Le projet peut être qualifié d’« essentiel » lorsqu’il traduit l’exigence de la démarche scientifique de son porteur. Il peut être « aspirant », lorsqu’il est construit dans l’espoir d’obtenir des gratifications, souvent financières. Il peut être « coopétiteur », lorsqu’il vise à satisfaire les critères d’excellence de procédures d’évaluation. Ces définitions pourraient coexister au sein d’un projet « multiple » si elles n’étaient pas à l’origine de perspectives antagonistes générant des conflits intérieurs. Dans ce cas, il faudrait les hiérarchiser, voire en éliminer certaines, totalement ou partiellement. Les choix effectués pourraient influer sur la qualité des connaissances scientifiques produites et sur le rôle joué par ces connaissances dans les débats de société.
Abstract
The concept of “project”, that usually implicitly refers to “scientific project”, has spread invasively in the daily life of academic scientific research. This noticeably started in 2000, after the European Council promoted through the Lisbon strategy the allocation of research funds on a competitive basis, for example opening calls for project proposals and providing financial support to top-ranked ones only. Nevertheless, project proponents rarely question what a project actually is. Three non-exclusive definitions of the concept are proposed in this paper. First, a scientific project can be “essential”, when it agrees with the way scientists consider how science works in theory and satisfies personal methodological requirements. Second, a scientific project can be “aspirant”, when it is specifically formatted to fit project selection criteria, those of open calls and funding programs for example, and in order to outcompete rival proposals. Third, a scientific project can be “coopetitive”, when it is a mean to boost personal carreer in an evaluation context mostly based on quantitative scientific production. Theoretically, it can be expected that today’s scientists manage a “multiple” project that would combine various objectives corresponding to these types of project. However, the coexistence of potentially antagonist objectives (e.g. quality versus quantity) could raise internal conflicts. Then, regaining personal balance might require to selectively drop some objectives. Depending on those that are maintained, this could impact the quality of future science work as well as the role that science could play in societal debates.
Mots clés : recherche / gouvernance / méthode scientifique / financement sur projet / coopétition
Key words: research policy / science method / project funding / evaluation / coopetition
© NSS-Dialogues, 2019
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