Open Access
Issue
Nat. Sci. Soc.
Volume 33, Number 2, Avril/Juin 2025
Page(s) 210 - 218
Section Vie de la recherche – Research news
DOI https://doi.org/10.1051/nss/2025045
Published online 01 October 2025

© A. Geffroy et al., Hosted by EDP Sciences

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Comme bien d’autres instances opérant à différentes échelles, les établissements français de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) se sont emparés de la trame générique des 17 objectifs de développement durable (ODD), élaborés par les Nations unies en 2015, pour l’appliquer aux politiques qu’elles conduisent (voir Laoufi, NSS, 2022, vol. 30, no 2). La dynamique institutionnelle portée par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche amène ces établissements à élaborer des schémas directeurs et à candidater à une labellisation DD&RS, ce qui permet d’orienter le contenu des recherches menées par les laboratoires vers ces objectifs, mais également de repenser les impacts environnementaux et sociaux de l’activité de recherche. L’expérience de l’Université de Rouen-Normandie (URN), qui fait l’objet du présent texte, met l’accent sur la nécessité de cartographier les travaux conduits au sein des différentes unités et d’en proposer une représentation visuelle afin de permettre des rapprochements, nouer un dialogue entre disciplines et élaborer des projets en commun. Les premiers résultats de la démarche entreprise à l’URN soulignent cependant la nécessité d’adapter ces ODD au contenu des recherches réalisées au sein et entre les laboratoires. Comme la revue l’a déjà été souligné dans ses colonnes, cela remet en question le caractère universel de cette trame, déjà fortement concurrencée par d’autres notions, désormais plus en vogue, comme celle de transition (voir Hubert et Zaccai, NSS, 2023, vol. 31, no 4). Plus largement, ce texte ouvre aussi une perspective sur les transformations à venir au sein des établissements de l’ESR en vue de promouvoir plus de transversalité et d’interdisciplinarité dans les recherches se situant à l’interface entre natures, sciences et sociétés.

La Rédaction

Depuis 2015 et la publication par les Nations unies des objectifs de développement durable (ODD), la transition socio-écologique s’est invitée avec force sur l’échiquier politique international en formalisant une liste de problèmes globaux à résoudre à l’horizon 2030 (Orliange, 2017). Les ODD, à l’inverse des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), offrent un cadre présumé universel (Gérardin et al., 2016) dont se sont saisis de nombreux acteurs, jusqu’alors peu ou prou concernés par ces thématiques, pour faire évoluer leurs pratiques et réorienter leurs stratégies (Igalens, 2020 ; Global Compact Réseau France, 2021) afin que chacun puisse, à son niveau, contribuer à l’émergence « d’un monde meilleur ». L’enseignement supérieur et la recherche (ESR) ne dérogent ainsi pas à cette règle. En effet, des années 2000 à la publication des ODD, seuls des organismes nationaux de recherche (ONR) tels que l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), le Cemagref (Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts), l’IRD (Institut de recherche pour le développement) ou le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) (Hubert, 2006 ; Loyat, 2007), en prise directe avec des questions environnementales et alimentaires en particulier dans les Suds, intégrèrent le développement durable dans leurs réflexions stratégiques. En dehors de ces ONR, le développement durable restait à cette époque pour l’essentiel un concept en cours d’appropriation et de discussion dans différentes sphères scientifiques, notamment autour des opportunités et contraintes que celui-ci pourrait introduire dans le monde de la recherche (Barbault, 2000 ; Zaccai, 2007). La publication des ODD, non strictement orientés sur l’aide aux pays les plus démunis, et leur résonance médiatique ont ainsi favorisé l’intégration des enjeux de soutenabilité pour l’ensemble de la communauté de l’ESR (Châtaignier, 2015), aussi bien à l’échelle mondiale (Bothwell, 2020) qu’européenne (voir la mission « Adaptation au changement climatique » du programme-cadre Horizon Europe notamment) et française (Monthubert et al., 2017 ; CNRS, 2020 ; Loi de programmation de la recherche (LPR) pour les années 2021 à 20301 ; MESR, 2022). Ces nouvelles orientations prises par les tutelles des structures de recherche incitent donc fortement les établissements de l’ESR à intégrer le développement durable et la responsabilité sociétale (DD&RS) dans leur stratégie de recherche et d’innovation, toutes disciplines et tous axes thématiques confondus.

Ce basculement stratégique nécessite, en ce sens, une acculturation des établissements aux ODD pour permettre, d’une part, la réalisation d’un état des lieux de la contribution d’ores et déjà engagée sur les enjeux de la transition socio-écologique et, d’autre part, la création de nouveaux indicateurs et outils de suivi pour piloter les stratégies adoptées (Ory, 2018). Avant la publication des ODD, la contribution de la recherche française aux enjeux de développement durable n’a jamais été véritablement questionnée. Aujourd’hui, au regard des différents textes et outils mis à disposition des établissements de l’ESR (référentiel DD&RS, label DD&RS, Plan climat-biodiversité et transition écologique de l’ESR…), la mesure de cette contribution revêt un caractère de plus en plus injonctif. Dans ce cadre, la principale difficulté pour les établissements de l’ESR réside dans ce travail d’appropriation des ODD, construits à l’origine pour les États, et de formalisation d’indicateurs spécifiques puisque les 232 indicateurs adoptés par la Commission statistique des Nations unies2 sont fondés sur la mesure d’actions concrètes, non adaptées à la contribution aux ODD d’acteurs comme l’ESR, situés à d’autres échelles que les États.

Forts de ce constat, de nombreux établissements de l’ESR se questionnent sur la réalisation d’une cartographie de leurs recherches contribuant aux ODD3. Cette étape préliminaire est primordiale puisqu’elle permet à l’institution de mieux connaître ses activités de recherche et de pouvoir construire puis piloter une stratégie en adéquation avec les domaines d’expertises identifiés. Dans cette perspective, des éditeurs, tel Elsevier (2020), proposent en accès libre des outils statistiques et infographiques basés sur des analyses lexicales automatisées de publications scientifiques4. Toutefois, ces outils ne font pas consensus puisque les requêtes développées par les divers éditeurs donnent des résultats différents (Armitage et al., 2020 ; Bordignon, 2021a). Certaines apparaissent trop excluantes, ne retenant pas des publications qui, après vérification par un relecteur « humain », doivent être liées à un ou plusieurs ODD, tandis que d’autres, à l’inverse, sont trop englobantes (Bordignon, 2021b). Consciente de ces limites et souhaitant faire de ce travail de diagnostic un moment privilégié de sensibilisation et de mobilisation de ses équipes de recherche face à la diversité des enjeux de la transition socio-écologique, l’URN a fait le choix de construire un protocole de travail inédit. Cette analyse, basée non pas sur de l’algorithmique, mais sur un travail intellectuel « humain » de coconstruction et de covalidation avec l’ensemble de ses unités de recherche, permet de répondre à des objectifs complémentaires : (i) formaliser une liste d’indicateurs ; (ii) mettre en lumière la diversité, d’une part, et les thématiques partagées par plusieurs laboratoires, d’autre part, des projets de recherche menés à l’URN ; (iii) commencer des démarches de réflexion éthique sur la manière de conduire notre recherche (décarbonation, plastique à usage unique, modèle animal…) ; (iv) inciter et préparer le montage de projets de recherche, si possible transdisciplinaires, centrés sur la transition.

L’objectif de cet article est de fournir un retour d’expérience utile pour les établissements ou les laboratoires qui souhaitent s’engager dans une démarche analogue en mettant en lumière la méthodologie adoptée, les limites et débats soulevés, ainsi que les perspectives que cette dernière offre pour stimuler l’essor de projets propices à la rencontre des équipes de recherche, toutes disciplines confondues, sous la tutelle de l’Université de Rouen-Normandie. À noter, cependant, que ce texte n’aborde pas les aspects holistiques liés intrinsèquement aux enjeux de transition, notamment vis-à-vis des interactions entre disciplines, d’une part, et entre sciences savantes et savoirs profanes, d’autre part. Ces aspects soulèvent de nombreux points qui peuvent, voire doivent, faire l’objet d’un article à eux seuls. Soulever ces questions dans le présent texte ouvrirait un champ de réflexions éloigné de son propos central.

Présentation du protocole de travail développé pour analyser la contribution des laboratoires à l’atteinte des ODD

Le protocole d’analyse a été élaboré de concert entre l’équipe de direction, la direction de la recherche et de la valorisation (DRV), le service commun de la documentation (SCD) et l’Institut des transitions (T.URN) de l’URN.

Ce protocole repose, dans un premier temps, sur une nécessaire transcription des 169 cibles des 17 ODD sous la forme de mots-clés qui s’appuient sur des termes sans équivoque permettant la mesure de l’engagement thématique de ses 37 laboratoires. Cette démarche souhaitant offrir un terreau favorable à l’émergence de projets de recherche transdisciplinaires ne peut, effectivement, s’affranchir de la création d’un vocabulaire commun et partagé (Resweber, 1981) entre les unités de recherche sur les enjeux de la transition. Descendre jusqu’aux cibles permet, en outre, d’obtenir de l’information précise et utile pour croiser les thématiques de recherche des laboratoires. Se contenter des 17 « grandes étiquettes » des ODD apporte une information macro qui est intéressante mais trop lissée pour renseigner sur les spécificités de recherche des unités, chaque ODD recouvrant une diversité d’enjeux décorrélés les uns par rapport aux autres. Aux cibles onusiennes des ODD ont ensuite été ajoutés des mots-clés synthétisant les indicateurs suivis par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) au titre de l’État français5, permettant d’enrichir l’analyse d’une vision européanocentrée des enjeux de transition (Fig. 1). Par le croisement de ces diverses sources, l’Université dispose ainsi d’une liste d’indicateurs génériques reflétant les enjeux les plus mis en avant par les États à travers le monde.

Il s’agit, dans un second temps, de construire un corpus d’analyse homogène et, si possible exhaustif, pour étudier conjointement la contribution thématique des laboratoires de l’URN. La coconstruction est ici primordiale puisque cette étape détermine, in fine, les résultats finaux en bout de traitement. D’un commun accord entre les parties prenantes, il fut décidé de se concentrer sur l’analyse des projets de recherche contractualisés par l’URN au nom de ses laboratoires. Les conventions offrent, de surcroît, l’opportunité d’aller plus loin que l’analyse de la contribution des projets aux ODD, ces documents donnant accès à des informations sur les partenaires du projet et les financeurs. Par leur exploitation, il est, de ce fait, possible d’établir une cartographie des partenaires de l’URN, de mesurer son insertion dans des réseaux régionaux, nationaux, européens, internationaux et les collaborations scientifiques entre ses unités de recherche. A contrario, le système d’information de la DRV ne donne accès qu’aux projets de recherche signés par l’URN. L’analyse ne couvre donc pas, aujourd’hui, les projets gérés par d’autres tutelles comme le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ou le CNES (Centre national d’études spatiales) ou pour lesquels nos équipes de recherche sont partenaires et non signataires.

Dans un troisième temps, il fut décidé de fonder ce travail exploratoire sur l’analyse des projets de recherche qui se sont conclus ou ont débuté lors du dernier contrat de site de l’URN (2017-2021). Choisir ce pas de temps permet d’introduire de la diachronie pour mener des études comparatives sur l’évolution de la contribution des laboratoires à l’atteinte des ODD. Il sera, à ce titre, intéressant de mesurer si l’obtention du label DD&RS, en septembre 2020, a été un point de bascule se manifestant, entre autres, par une augmentation prononcée de la contribution des équipes de recherche aux ODD et de leurs collaborations communes.

Dans un quatrième et dernier temps, il fut choisi de fonder l’exploration des contributions des unités de recherche sur le champ d’analyse des réseaux sociaux, entendu comme un ensemble de méthodes, modèles et théories mettant l’accent sur l’étude des interactions entre des acteurs (Geffroy, 2018). Dans le cas présent, les acteurs analysés sont les cibles des ODD et les unités de recherche. De nombreuses études s’appuient sur cette méthodologie, aussi bien en sociologie (Lazega, 2014), en histoire (Padgett et Ansell, 1993) qu’en géographie (Autrive et Eliot, 2021), puisqu’elle permet de produire des visualisations facilement intelligibles mettant en lumière les relations entre les entités étudiées et leur intensité. De nombreux types de représentations visuelles existent (Henry et Fekete, 2008) mais la représentation la plus couramment utilisée reste le diagramme nœud-lien (ou graphe), à l’instar du travail présenté dans cet article. Les analyses et visualisations sont, pour cette cartographie, développées à partir de deux packages R nommés igraph6 et visNetwork7. Le premier package (igraph) permet de générer des visualisations statiques et des calculs mathématiques pour mesurer la centralité des thématiques, c’est-à-dire celles qui sont les plus étudiées. Le second package (visNetwork) offre l’opportunité de créer une interface dynamique qui, grâce à un menu déroulant, permet de sélectionner et isoler une cible prédéfinie des ODD et les laboratoires qui y contribuent.

À l’heure de la rédaction de cet article, 422 projets de recherche de 18 des 39 laboratoires sous tutelle de l’URN sont analysés. Il est important de souligner que ce travail est extrêmement long et est rendu possible par la création d’un poste d’ingénieur de recherche (IR) intégré à l’Institut T.URN. C’est ce dernier qui, en première lecture, établit des liens entre les projets de recherche conventionnés et les cibles des ODD. Ces liens sont, ensuite, soumis à l’approbation des unités de recherche. Cette démarche de validation et de correction est fondamentale pour plusieurs raisons. Elle permet, premièrement, d’obtenir des informations les plus précises possibles, les liens établis en première lecture relevant d’une compréhension profane puisque la personne en charge de ce travail ne peut être spécialiste de toutes les disciplines scientifiques présentes à l’URN. Cette étape permet, deuxièmement, de sensibiliser toutes les équipes de recherche aux problématiques de la transition socio-écologique et, troisièmement, de leur présenter l’outil et de recueillir leurs attentes et critiques éventuelles vis-à-vis de ce dernier.

thumbnail Fig. 1

Processus de création des mots-clés permettant de disposer d’indicateurs relatifs à la contribution des unités de recherche à l’atteinte des ODD.

Présentation des premiers résultats

L’exemple des discussions engagées avec l’UMR ENVI (Endothélium, valvulopathie et insuffisance cardiaque, Inserm et URN) est illustratif de cette démarche de coconstruction et de covalidation nécessaire à la mise en exergue de contributions thématiques pertinentes et utiles pour l’URN et ses unités de recherche. Le champ de la recherche en santé est particulièrement complexe à percer pour tout observateur profane et la première lecture proposée par l’Institut T.URN (Fig. 2) n’était pas satisfaisante. L’Institut était dans l’incapacité de pouvoir lier les projets de recherche avec des mots-clés, d’une part, parce que nombre des problématiques traitées par cette unité relèvent de questions de santé d’un pays développé non couvertes par l’ONU et, d’autre part, parce qu’il est difficile pour un non-expert d’établir des liens exhaustifs entre un projet et des pathologies. Il en découle ainsi un graphe où le nœud avec le plus de projets listés est intitulé « 3. Impossible à caractériser » et, ce, malgré la création par l’Institut T.URN d’une cible spécifique née de la lecture des projets de recherche menés par l’UMR ENVI.

Les membres de l’unité de recherche ont, suite à une présentation de l’Institut T.URN des prérésultats, procédé à l’affinage des données. Il en résulte la création de deux nouveaux indicateurs (ou cibles) pour l’ODD 3, à savoir « Maladies cardiovasculaires » et « Amélioration de la prise en charge des patients », ainsi que des liens avec l’ODD 2 non perçus par l’Institut T.URN. Les nouveaux résultats (Fig. 3) reflètent, de fait, la lecture qu’ont les chercheurs de l’UMR ENVI de leur contribution aux enjeux de transition.

Ce travail d’adaptation, voire d’« affinage » des ODD, est extrêmement intéressant puisqu’il permet de mettre également en lumière le fait que ces derniers, construits pour les États, rappelons-le, et non pour les établissements de l’ESR, ne sont absolument pas une grille de lecture universelle malgré une volonté affichée de dépasser les frontières entre contextes développés et en développement (Melonio et Tremel, 2021). Certains ODD, comme l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être), voient l’essentiel de leurs cibles être « teintées » d’une lecture Nord-Sud des enjeux de transition. Pour aller plus en détail sur l’ODD 3, les questions sanitaires liées à la prise en charge du handicap, la lutte contre les cancers ou le vieillissement de la population sont inexistantes au contraire de problématiques comme les maladies tropicales, la tuberculose ou la mortalité infantile. Ainsi, même si les ODD se veulent être interconnectés8, ils apparaissent trop restrictifs pour mettre en exergue la diversité des enjeux de la transition socio-écologique dans un pays développé. Cette question de l’universalisme de façade des ODD se pose pour d’autres enjeux tels que la culture. En se limitant à la lecture onusienne, voire à celle de l’Insee, la culture n’est couverte que sous l’angle de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), à savoir la conservation des patrimoines naturels et culturels. Sont ainsi non couvertes les problématiques de valorisation et d’accès à la culture, rendant difficile l’établissement de liens entre les ODD et de nombreux projets de recherche en sciences humaines et sociales.

Malgré les limites inhérentes au socle onusien de la transition, ce travail initie des réflexions pluridisciplinaires intéressantes et offre à l’URN des outils de visualisation particulièrement propices aux rapprochements de ses laboratoires. Le protocole proposé fournit, en plus d’une lecture à l’échelle de chaque laboratoire, une lecture à l’échelle de l’établissement, c’est-à-dire rendant compte en un seul et même graphe de la contribution de toutes les unités de recherche à la transition socio-écologique. La vision réticulaire permet d’isoler visuellement les laboratoires qui partagent des thématiques de recherche communes, quel que soit leur champ disciplinaire. À ce titre, le recours à des graphes dynamiques représente un outil appropriable et utilisable par tous les acteurs de la recherche à l’URN (Fig. 4).

Cette lecture « macro » et l’outil interactif associé dotent en quelque sorte l’URN d’un atlas de sa recherche sur la transition socio-écologique. Diffusé auprès de l’équipe de direction et de tous les laboratoires, cet outil offre la possibilité à chacun de connaître les axes de recherche de leurs homologues afin de les contacter le cas échéant pour construire des projets pluri-, inter- ou transdisciplinaires (Uzan, 2020) et il répond aux besoins exprimés par plusieurs enseignants-chercheurs d’avoir une visibilité globale de la recherche à l’URN.

thumbnail Fig. 2

Première version du graphe proposé par l’Institut T.URN pour rendre compte de la contribution de l’UMR ENVI aux ODD pour la période 2017-2021.

thumbnail Fig. 3

Deuxième version du graphe revu par les chercheurs et chercheuses de l’UMR ENVI pour rendre compte de leur contribution aux ODD pour la période 2017-2021.

thumbnail Fig. 4

Graphe interactif de la contribution de tous les laboratoires sous tutelle de l’URN aux ODD avec fonctionnalité de mise en surbrillance des cibles des ODD et des laboratoires y contribuant spécifiquement.

Conclusion

En conclusion, ce travail, toujours en cours, de cartographie de la contribution de la recherche de l’URN à l’atteinte des ODD suscite un consensus aussi bien au sein de la communauté universitaire rouennaise qu’au niveau national, en témoignent les nombreuses sollicitations évoquées précédemment. Cette cartographie concourant à la réalisation d’un diagnostic est la pierre angulaire de l’ambition de l’URN de développer des projets de recherche fédérant tout ou partie de ses unités de recherche. La méthodologie développée à l’URN, basée sur un travail non automatisé et une rencontre de toutes les équipes de recherche, est bien évidemment longue à mettre en œuvre et non aisément reproductible sans un investissement dans des ressources humaines dédiées. Les temps d’échanges que ce protocole impose permettent de construire un vocabulaire commun et de nouer des relations propices à la rencontre entre les disciplines. Aujourd’hui, par cette cartographie, l’Institut T.URN est identifié comme une ressource utile par les équipes de recherche, aussi bien pour les accompagner dans la rédaction de projets de recherche centrés sur la transition socio-écologique que pour initier des rencontres entre des chercheurs de laboratoires différents. Ce travail permet, en outre, de questionner l’universalité présumée des ODD et leur « application » aux contextes de la recherche dans un établissement pluridisciplinaire. Les ODD proposent, en effet, un cadre pour engager des actions concrètes à brève échéance (2030). Se pose, dès lors, la question du rôle de la recherche fondamentale : contribue-t-elle aux ODD au même titre que la recherche appliquée ? Cette question est, aujourd’hui, orpheline de toutes réponses et nécessite un débat collégial à l’URN mais pas uniquement. Ce travail sera, à terme, complété par une analyse des publications puis des contrats doctoraux. Les publications permettront de mesurer la contribution scientifique pleine et entière des laboratoires, quelle que soit la tutelle (URN, CNRS, Inserm…) gestionnaire des projets de recherche. Les contrats doctoraux permettront, pour leur part, d’observer si les nouvelles générations de chercheurs de l’URN s’emparent davantage des enjeux de la transition socio-écologique que les chercheurs titulaires. Cette cartographie participe ainsi pleinement à l’émergence de nouvelles pratiques et habitudes au sein de l’établissement. Celle-ci a d’ores et déjà été mobilisée pour le montage d’un projet de recherche sur l’adaptation au changement climatique en vallée de la Seine rassemblant des chercheurs de huit laboratoires, tandis qu’il est envisagé de faire évoluer les conventions des projets de recherche de l’URN pour que celles-ci mentionnent la contribution du projet à une ou plusieurs cibles des ODD. Par ce biais, cette cartographie testée et menée pour l’heure a posteriori sera mise à jour en temps réel à chaque dépôt de convention sur le système d’information de la DRV. Cette cartographie, et les questions qu’elle soulève, permettent ainsi de poser collectivement les fondations des futures orientations de la recherche de l’URN.

Références


1

Loi no 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur, Journal Officiel, 0312, 26 décembre 2020, https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2020/12/24/ESRR2013879L/jo/texte. Il est, dans ce texte, clairement exprimé dans l’article 48 que « les ambitions de la science française s’inscrivent et contribuent à répondre aux grands enjeux de société des ODD […] ».

3

Nous tenons à remercier le Réseau des responsables recherche des établissements d’enseignement supérieur et de recherche (R3Sup) et le Collectif pour l’intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l’enseignement supérieur (Cirses) de leur intérêt pour notre démarche, ainsi que les collègues des Universités Paris-Saclay, Gustave-Eiffel, Poitiers, Caen, Bordeaux, Nanterre, Toulouse − Midi-Pyrénées et de l’Insa Lyon (Institut national des sciences appliquées de Lyon) nous ayant sollicités pour présenter ce travail exploratoire.

8

Pour reprendre l’exemple du handicap, celui-ci est abordé dans l’ODD 8 avec la cible 8.5, mais uniquement sous l’angle de l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap. Les questions de rééducation, d’accompagnement et de prise en charge du handicap au quotidien ne sont donc absolument pas couvertes par les ODD.

Citation de l’article : Geffroy A., Thoumire F., Stephan Y., Puechberty L., Laignel B. 2025. Cartographier la contribution de la recherche à l’atteinte des objectifs de développement durable : retour d’expérience de l’Université de Rouen-Normandie. Nat. Sci. Soc. 33, 2, 210-218. https://doi.org/10.1051/nss/2025045

Liste des figures

thumbnail Fig. 1

Processus de création des mots-clés permettant de disposer d’indicateurs relatifs à la contribution des unités de recherche à l’atteinte des ODD.

Dans le texte
thumbnail Fig. 2

Première version du graphe proposé par l’Institut T.URN pour rendre compte de la contribution de l’UMR ENVI aux ODD pour la période 2017-2021.

Dans le texte
thumbnail Fig. 3

Deuxième version du graphe revu par les chercheurs et chercheuses de l’UMR ENVI pour rendre compte de leur contribution aux ODD pour la période 2017-2021.

Dans le texte
thumbnail Fig. 4

Graphe interactif de la contribution de tous les laboratoires sous tutelle de l’URN aux ODD avec fonctionnalité de mise en surbrillance des cibles des ODD et des laboratoires y contribuant spécifiquement.

Dans le texte

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