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Nat. Sci. Soc.
DOI https://doi.org/10.1051/nss/2025032
Publié en ligne 8 juillet 2025

© L. Copello et S. Lardon, Hosted by EDP Sciences

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Renforcer les liens entre ville et villages dans un territoire argentin

De dynamiques de déconnexion à de nouvelles expérimentations…

Dans un contexte global marqué par une urbanisation croissante, une modernisation accélérée de l’agriculture et une ouverture des marchés internationaux, de vastes espaces spécialisés se trouvent déconnectés des populations locales. Ce phénomène est particulièrement prégnant dans la région pampéenne, en Argentine, soumise aux effets de la mondialisation (Albaladejo, 2012 ; Diez Tetamanti, 2019). Les dynamiques territoriales actuelles tendent à accentuer la séparation entre espaces urbains et espaces ruraux, la désorganisation des activités agricoles et industrielles ainsi que la fragmentation des relations entre acteurs économiques et institutionnels. Cependant, ces tendances ne sont pas inéluctables. Des voix s’élèvent au niveau mondial pour une meilleure intégration territoriale (Ruiz-Tagle, 2013) afin de répondre aux enjeux des transitions en cours.

Diverses pistes sont explorées pour reconnecter l’urbain et le rural : intégrer l’agriculture urbaine via les circuits alimentaires (Lamine et Chiffoleau, 2012 ; Soulard et al., 2017), réinvestir les espaces ruraux par une économie résidentielle (Talandier et Davezies, 2009) ou renouer des relations équilibrées entre urbain et rural (Margetic et al., 2017). Nous avons choisi d’investir cette piste par une démarche prospective que nous avons menée en 2022 en Argentine. En effet, de nouvelles opportunités pour expérimenter, avec les acteurs des territoires, une reconnexion entre le rural et l’urbain semblaient se dessiner.

Dans le cadre du laboratoire de recherche international AgriteRRis1, les travaux portent sur le rôle des villes petites et moyennes dans la dynamique des espaces ruraux périphériques (Sassone, 2000), avec un accent particulier mis sur la réactivation des dynamiques au sein des Systèmes alimentaires localisés (Velarde et al., 2021). De plus, le projet Préfalc, un dispositif de recherche-formation-action (Lardon et al., 2015) mené de 2020 à 2023 entre trois pays, France, Argentine et Brésil, a permis d’explorer ces nouvelles configurations urbain-rural par une approche prospective participative.

Cette « prospective-action » (Lardon et Noucher, 2016) se distingue de la prospective traditionnelle (Durance et al., 2007) en privilégiant les points de vue des acteurs locaux. Elle prend en compte le temps et l’espace, le collectif et les interactions entre territoires, comme dans les travaux de Fourny et Denizot (2007). L’aspect spatial est intégré via des modèles graphiques (Lardon et Piveteau, 2005) plutôt que par des simulations spatiales utilisées en géoprospective (Houet et Gourmelon, 2014). De plus, la réflexion sur l’avenir est envisagée comme un moyen de transformation (Camara et al., 2019), ancrée dans une prospective du présent (Heurgon, 2006), pour soutenir les dynamiques sociales en cours, en créant de nouvelles configurations basées sur les dynamiques existantes et des initiatives locales à différentes échelles.

Cette prospective s’inscrit dans la continuité d’un travail de recherche-action antérieur dans une localité rurale du district de Tandil. En 2020, le village de María Ignacia-Vela2 a accueilli un groupe de chercheurs, enseignants et étudiants pour mener une expérience de prospective participative (Lardon et al., 2020). Cet atelier a permis de montrer le désir des acteurs des villages de se mettre en lien avec la municipalité pour valoriser leurs identités rurales, développer des initiatives autour des produits locaux et renforcer leurs compétences. Les dynamiques de développement territorial observées dans les villages combinées aux initiatives émergentes en tourisme rural, aux initiatives socioéconomiques et à la création d’associations de développement, ont motivé un approfondissement de notre recherche.

Notre cas d’étude se concentre sur le district de Tandil dans la province de Buenos Aires. Plusieurs facteurs justifient ce choix. Les liens tissés avec les acteurs locaux, la mairie, l’Université (UNICEN) et l’INTA3 local ont permis la participation active de leurs agents et d’étudiants portant un intérêt pour les problématiques rurales et les approches de prospective. Le district de Tandil présente une organisation sociospatiale originale : une ville centrale entourée de villages périphériques et une municipalité qui manifeste sa volonté de renforcer les liens avec ses villages. Par ailleurs, le secteur agricole est particulièrement dynamique, avec des innovations techniques constantes qui transforment le territoire, tout en restant connecté à la ville grâce aux politiques locales en matière d’alimentation, de soutien aux produits locaux et d’appui aux producteurs via des formations et des subventions. Ces interactions illustrent la possibilité de créer des synergies positives entre les espaces urbains et les espaces ruraux, contribuant ainsi à un développement territorial harmonieux et intégré.

…en renforçant les liens entre l’urbain et le rural par des projets de territoire

Nous avons donc investi le terrain du district de Tandil, dans la province de Buenos Aires et développé une démarche innovante de prospective participative. Nous supposons que l’intégration urbain-rural peut passer par la connexion des villages entre eux et des projets des villages avec la ville, du fait de leur complémentarité. Les villages ont chacun des projets qu’il reste à coordonner et à relier à la ville pour construire un projet de territoire intégré, articulant acteurs, activités et espaces (Benoît et al., 2006). Avec les étudiants et les acteurs locaux, nous avons impulsé cette dynamique en intervenant sur le terrain selon un itinéraire méthodologique qui a permis de renforcer des interactions urbain-rural sur le territoire du district de Tandil, en nous appuyant sur la capacité des acteurs locaux à créer un territoire interconnecté entre ville et villages.

L’article retrace cette expérimentation de recherche-action, où la recherche initie de nouvelles dynamiques territoriales, avec la participation active des acteurs du territoire, pour renforcer les compétences de tous (Houllier et al., 2017). Dans une première partie, nous présentons le terrain et les outils de représentation spatiale et temporelle mobilisés dans la démarche intégrée de prospective participative. Dans la seconde partie, nous démontrons comment l’itinéraire méthodologique, qui présente plusieurs innovations, a permis de renforcer les liens urbain-rural dans le district de Tandil et de monter en généralité. Nous discutons ces résultats au prisme de deux conditions favorables à leur émergence, d’une part, celle des regards croisés à l’international, entre France et Argentine, qui peuvent inspirer les acteurs et leur « ouvrir des possibles » (Mate et Darmau, 1985) et, d’autre part, celle de la contribution de la formation, en particulier dans le cadre de la thèse de Copello (2024), qui a produit, chemin faisant, de nouveaux savoirs pour l’action (Avenier et Schmitt, 2007). La conclusion tire les leçons d’une telle expérimentation et met en avant le rôle joué par la recherche qui prend des risques pour accompagner l’action.

Matériel et méthode : comment renforcer les liens entre Tandil et ses villages ?

La configuration sociospatiale originale du district de Tandil bénéficie des outils d’analyse spatiotemporelle et de prospective déjà éprouvés par ailleurs.

Tandil, une organisation sociospatiale originale

Le district de Tandil est un espace composé d’une ville centrale entourée de villages (Fig. 1). De nombreux espaces agricoles, d’une moyenne de 670 ha4, contribuent à une agriculture tournée vers l’exportation mais qui reste connectée à la ville. Cette connexion s’explique par la présence d’organisations et de syndicats agricoles dans la zone urbanisée et par le fait que la plupart des agriculteurs y ont leur lieu d’habitation. Les villages, qui abritent une petite fraction de la population, souffrent d’un manque d’infrastructures, de services et de moyens d’accès (routes et chemins). Tandil est bien desservie par des liaisons routières aux villes voisines d’Azul, Balcarcé et Olavarría, situées à environ 100 km. Les grandes villes les plus proches sont Mar del Plata (160 km au sud-est) et La Plata (250 km au nord-est).

Le district de Tandil est situé dans la province de Buenos Aires, en Argentine, à environ 350 km au sud-ouest de la capitale. Il couvre une superficie d’environ 4 935 km2 et compte en 2022 une population de 150 162 habitants5, qui a augmenté de 25 % depuis 2010. Le territoire est caractérisé par des paysages vallonnés, des collines et des montagnes. Il est traversé par le système de Tandilia, chaîne de montagnes qui culmine à 524 m d’altitude. Il est principalement rural, composé de nombreux petits villages et des hameaux dispersés. L’agriculture, dominée par les grandes cultures (soja, blé, maïs…) et l’élevage (bovin, porcin, ovin…), est l’activité principale, avec un développement croissant du tourisme rural. Il abrite aussi des agro-industries, fabriquant des produits « régionaux » comme des charcuteries et des fromages. Dans les villages, il existe un tissu important d’artisans et de petites entreprises ainsi que des commerces et bars-restaurants.

La ville est un centre économique régional important bénéficiant d’une économie diversifiée comprenant l’industrie manufacturière des services et des activités touristiques. C’est également un centre éducatif, avec plusieurs établissements d’enseignement supérieur, dont l’Université Nationale du Centre de la Province de Buenos Aires (UNICEN).

thumbnail Fig. 1

a. Localisation de Tandil dans la province de Buenos Aires ; b. Localisation de la province de Buenos Aires en Argentine (réalisation : Luciano Copello).

Des outils de représentation spatiale et d’analyse processuelle à adapter

Pour comprendre les dynamiques territoriales et en débattre avec les acteurs concernés, deux méthodes principales sont mobilisées, l’une spatiale et l’autre temporelle. Elles ont été incorporées dans la démarche grâce à une appropriation chemin faisant par les étudiants de l’UNICEN qui ont contribué à leur mise en œuvre sur le terrain.

La méthode des chorèmes (Lardon et Piveteau, 2005) utilise des modèles graphiques pour extraire des sources d’information les principes organisateurs de l’espace et en donner une représentation spatiale « explicative ». Elle se compose de sept modèles graphiques de base (maillage, quadrillage, hiérarchie, contact, tropisme, attraction et dynamique territoriale). Ils sont considérés comme autant de principes organisateurs de l’espace6. Quatre registres de questionnements systémiques permettent de structurer le diagnostic. Ils concernent : l’énumération des champs thématiques, les échelles et les emboîtements, les interactions spatiales entre sous-systèmes et les dynamiques temporelles qui affectent le territoire (Lardon et Piveteau, 2005). Cette méthode enrichit le diagnostic de territoire avec des éléments concrets, compréhensibles et relativement génériques (Lardon, 2022). Elle a été utilisée à toutes les étapes d’analyse et de restitution des projets exprimés par les acteurs des villages et de la ville de Tandil.

La méthode des trajectoires ou frises chronologiques visualise graphiquement les événements et les changements au fil du temps (Houdart et al., 2019). Elle implique une sélection rigoureuse des événements, une organisation chronologique, une analyse des tendances et une interprétation des résultats. Il est également possible de représenter ces événements par rapport à l’échelle spatiale (Iceri, 2019). Cette méthode aide à comprendre les changements sociaux, économiques et environnementaux sur le territoire et à identifier les facteurs qui les ont influencés. Elle a été utilisée dans l’un des villages pour analyser les dynamiques historiques et pour synthétiser les dynamiques engendrées par nos interventions sur le terrain.

Une démarche de prospective participative à Tandil et dans ses villages

La démarche de prospective participative menée s’inscrit dans le cadre d’une recherche-intervention (David, 2012) dans laquelle les chercheurs et les acteurs coconstruisent un projet de territoire. L’approche centrale est le Jeu de Territoire (Lardon, 2013), éprouvée en Europe, au Canada et en Afrique ; elle est combinée à la « cartographie sociale » (Diez Tetamanti, 2018), une méthode spécifique aux pays d’Amérique latine. Les principes de la démarche sont la spatialisation des dynamiques, la participation des acteurs et le portage politique, rendus possibles à Tandil grâce à la motivation des acteurs et aux compétences méthodologiques transmises aux étudiants.

Le Jeu de Territoire (Lardon, 2013) est une méthode participative en trois étapes qui permet de construire une vision partagée du territoire et d’initier une dynamique de changement. La première étape consiste à dresser un portrait du territoire en utilisant des « fiches thématiques » préalablement construites. La deuxième étape consiste à imaginer des scénarios d’évolution du territoire en forçant le trait des dynamiques en cours. La troisième étape permet aux acteurs parties prenantes de porter un autre regard sur leur territoire et de générer des idées et des pistes d’actions collectives. Les concepteurs et animateurs guident le jeu, tandis que les joueurs sont les acteurs du territoire. Le Jeu de Territoire est modulable et adaptable à différentes situations et favorise l’expression des points de vue et la confrontation des idées.

La « cartographie sociale » (Diez Tetamanti, 2018) est une méthode de construction collective relativement récente en Amérique latine. Elle consiste à dessiner collectivement des cartes qui reflètent la vision actuelle et future du territoire ainsi que les changements en cours.

La combinaison des deux méthodes a favorisé l’adaptation de la démarche à la culture locale pour la présentation des consignes et le déroulé. D’autres adaptations sont considérées comme des innovations méthodologiques apportées dans le processus de coconstruction.

Résultats : Un itinéraire méthodologique innovant pour renforcer les liens urbain-rural

Dans ce contexte favorable, nous avons pu construire un itinéraire méthodologique (Houdart et Lardon, 2022) innovant, combinant les méthodes du Jeu de Territoire et de la cartographie sociale et les outils d’analyse spatiale et temporelle précédemment décrits, pour l’adapter à notre objectif visant à générer et renforcer les interactions urbain-rural dans le district de Tandil.

L’itinéraire méthodologique appliqué à Tandil (Fig. 2) met en avant trois phases : la préparation des protocoles et des ateliers avec les acteurs locaux, la prospective participative et le suivi des actions. Les première et troisième phases ont été mises en œuvre principalement par le doctorant Luciano Copello (2024), avec les représentants institutionnels, alors que la deuxième phase de prospective a été réalisée collectivement avec les acteurs locaux et les chercheurs et étudiants argentins et français (Copello et al., 2022).

Cinq modalités d’adaptation innovantes ont porté leurs fruits : adapter la démarche prospective à chaque village (1) ; organiser des événements collectifs entre ville et villages (2) ; imaginer ensemble un futur pour le territoire (3) ; créer des outils graphiques formalisant les enjeux (4) ; et assurer le portage politique des actions (5) pour renforcer les liens urbain-rural entre la ville et les villages.

thumbnail Fig. 2

Itinéraire méthodologique appliqué à Tandil (réalisation : Luciano Copello).

Une entrée par une démarche prospective adaptée à chaque village

Cette première innovation a consisté à réaliser non pas des fiches thématiques pour le diagnostic, mais des fiches synthétiques des dynamiques et des projets de chaque village. Cela a donc nécessité un travail préalable avec les acteurs de six des villages du district de Tandil.

Nous avons adapté la méthodologie à chaque village pour répondre aux enjeux préalablement identifiés avec les référents du village (alimentation, emploi, jeunes…) et en ciblant le public visé, qui pouvait être plus spécifiquement les jeunes ou les anciens, les acteurs économiques ou culturels… La question portait sur le futur du village et ses liens avec les autres villages et la ville. Chaque atelier participatif a permis aux acteurs des villages d’identifier leurs propres projets qui ont été repris dans une « fiche de synthèse » par village, par l’équipe pédagogique et les étudiants. Les fiches synthétiques reprennent les « dires d’acteurs » pour interpréter collectivement les principales structures et dynamiques du village et spécifier les visions du futur.

Ce travail réalisé dans chacun des six villages a montré les interactions urbain-rural possibles à l’échelle du district. Les ateliers ont été ouverts au public pour inclure une diversité de points de vue. Ainsi, à Gardey, l’atelier a été réalisé avec des entrepreneurs locaux sur les flux de personnes et de marchandises entre Gardey et les localités voisines. À Fulton, ce sont les élèves de l’école spécialisée en alimentation qui ont réalisé des menus à partir des aliments locaux, dont une partie provient de la ville, tandis qu’à Desvío Aguirre, les membres de la communauté locale ont mis en avant, dans une cartographie sociale, les dynamiques de déplacements domicile-travail, le rôle central de l’école et des espaces récréatifs.

Pour Gardey (Fig. 3), les principaux liens se font entre Gardey et Tandil, et avec le village de Vela, grâce aux voies de communication existantes. Il y a des flux liés à l’approvisionnement de matières premières, des formations spécifiques, des déplacements d’adolescents entre les villages, le transfert de technologies passe par Gardey comme « pôle-relais », ainsi que le rapprochement de services à la population. Les enjeux identifiés pour le futur sont l’impact des nouvelles urbanisations et l’afflux de visiteurs liés au tourisme de festivité. À l’intérieur de Gardey, embellir le village et maintenir un espace libre « protégé » des pratiques agricoles conventionnelles ont été énoncés, afin de veiller à ce que Gardey soit attirant et maintienne la qualité de vie dans le village. Au niveau du district, le mauvais état des infrastructures de déplacement a été évoqué, ce qui nécessiterait, pour les habitants, d’améliorer certaines routes et de rétablir le service du train.

thumbnail Fig. 3

Fiche synthétique du village de Gardey (source : Copello et al., 2022).

Valoriser les villages en ville

La seconde innovation a été de combiner action et recherche en organisant en ville une « kermesse rurale » avec tous les acteurs, avant les ateliers dans les villages et le Jeu de Territoire en ville. Dès les premiers contacts avec les représentants de la mairie, l’idée a été d’organiser un événement festif à la fois pour les habitants comme pour les touristes. C’est ainsi que la kermesse rurale est née en 2022. Le but était de rendre visible la diversité des ruralités et en même temps que les acteurs ruraux puissent disposer d’un espace de valorisation de leurs produits.

La kermesse rurale organisée par la mairie, en lien avec l’INTA et l’UNICEN, a réuni un grand nombre de personnes sur trois jours. L’organisation d’un événement le week-end du 15 août était une façon de mobiliser les acteurs ruraux par la dimension festive. Pour ces acteurs, c’était aussi une manière d’en tirer un bénéfice économique. En plus de la vente de produits fabriqués en milieu rural, il y a eu des présentations et des expositions permettant de découvrir l’identité des villages. Tous les acteurs partenaires ont considéré que cette première édition a été un succès.

L’organisation de la kermesse rurale et des ateliers a demandé au préalable un travail de prise de contacts. Une équipe d’agents de la mairie accompagnés du doctorant a contacté les acteurs des différents villages et leur a proposé de participer aux ateliers et à la kermesse rurale (Fig. 4).

thumbnail Fig. 4

Protocole de l’ensemble de la démarche : ateliers participatifs dans les villages, kermesse rurale et Jeu de Territoire à Tandil (réalisation : Luciano Copello).

Renforcer les liens urbain-rural

Dans le Jeu de Territoire, les acteurs des villages et de la ville ont été invités à se projeter dans le futur du district de Tandil, et donc à changer d’échelle, du village au district. Ce changement d’échelle constitue la troisième innovation méthodologique. Le Jeu de Territoire, dernier atelier participatif organisé en ville, a rassemblé des représentants de la ville et des villages pour envisager l’avenir du district. Cet atelier s’est déroulé en deux grandes étapes : une étape de diagnostic partagé des dynamiques actuelles et futures dans chacun des villages, reportées et généralisées à l’échelle de l’ensemble du district, et une étape de prospective à 20 ans du renforcement des liens entre la ville et les villages du district avec les actions concrètes à mener dans les cinq prochaines années. Le fond de carte utilisé était celui du district, les fiches de jeu pour l’étape de diagnostic étaient les fiches synthétiques issues des ateliers de chacun des villages (Fig. 3). À chacune des quatre tables de jeu, la diversité des types d’acteurs (habitants, institutions, etc.) était respectée. Nous avions posé une contrainte supplémentaire de répartition des acteurs afin d’avoir un représentant de chaque localité présent à chaque table.

La cartographie à partir de la prospective des villages a mis en évidence l’importance d’un certain nombre de liens à l’échelle du district. La carte de la table 4 (Fig. 5) intitulée « Un Tandil » considère un territoire unique et interconnecté. Les joueurs ont discuté de sujets tels que l’amélioration des accès aux villages, en particulier la nécessité de goudronner les routes pour faciliter les déplacements des personnes, ambulances et forces de sécurité ; la connectivité entre les villages, notamment par la réactivation du train pour attirer les visiteurs ; la nécessité d’améliorer les infrastructures locales, notamment en matière d’assainissement ; la formation professionnelle, pour combler le manque de travailleurs qualifiés dans divers métiers ; la création d’espaces culturels et récréatifs, pour favoriser la rencontre entre les habitants des villages et des zones rurales ; la promotion de la production agricole locale et la création de marchés de proximité, pour favoriser l’emploi et la croissance économique.

Puis les joueurs ont discuté des actions à coconstruire pour le futur du district : mettre en valeur les villages par la création de musées et la préservation du patrimoine culturel local ; réaménager les voies ferrées pour le tourisme et créer des pistes cyclables ; créer des espaces de loisirs et des lieux de rencontre pour les événements communautaires, des espaces publics où les jeunes peuvent socialiser sans aller en ville ; disposer d’un transport public intervillages et améliorer la connexion à Internet et les services de santé ; concevoir des circuits touristiques entre les villages pour stimuler leur peuplement et leur visibilité.

L’analyse des cartes produites à toutes les tables permet de compléter la liste des liens possibles pour le territoire de Tandil. Les joueurs ont remis en question la compétition entre les villages et proposé un « corridor touristique non compétitif ». La mise en place d’un calendrier festif est suggérée pour mettre en valeur les activités locales. Le débat est porté sur l’utilisation des produits agrochimiques et le besoin de mettre en place un « cordon sanitaire », ainsi que la nécessité d’échanger des informations scientifiques sur l’environnement. Enfin, ils ont affirmé que la ruralité doit être considérée non seulement comme une destination touristique, mais aussi comme une option de vie pour les habitants des villages.

thumbnail Fig. 5

Carte des projets actuels des villages (couleurs froides) et des possibilités de renforcement des liens urbain-rural du district dans le futur (couleurs chaudes) pour la table 4 (source : Copello et al., 2022 ; photographie : Sylvie Lardon).

Formaliser les enjeux de l’intégration urbain-rural

Cette quatrième innovation concerne la création d’outils graphiques d’action, élaborés avec les étudiants comme supports pédagogiques à leur appropriation méthodologique, qui pourraient constituer un alphabet plus générique, applicable à d’autres territoires.

Suite au Jeu de Territoire, nous avons travaillé avec les étudiants de l’UNICEN à la mise au propre des résultats à l’aide de chorèmes (Brunet, 1986). Nous avons élaboré une synthèse des enjeux pour le territoire sous forme d’un « schéma systémique d’enjeux » pour le territoire, rendant chaque dimension de l’intégration urbain-rural visible à travers des représentations graphiques.

Huit grandes thématiques d’enjeux ont été identifiées. La production locale comprend non seulement la production, mais aussi la transformation et la valorisation des divers produits. La sociabilité et la formation représentent deux catégories d’enjeux plus internes au territoire : les lieux de rencontre en particulier pour les jeunes, ainsi que la formation, à la fois en présentiel et à distance. Le tourisme, reliant le territoire à l’extérieur, et l’aménagement/planification, connectant aux échelles territoriales nationales ou provinciales, mettent en avant l’enjeu du dialogue entre les acteurs et les habitants des différentes localités, avec un sentiment d’appartenance à la communauté et des liens institutionnels. La connectivité, les infrastructures routières et l’amélioration des services sont des moyens nécessaires pour relever les défis. Les nouveaux usages et activités, en particulier récréatives ou productives, permettraient de générer de nouvelles dynamiques du territoire. Trois exemples des schémas graphiques représentent les enjeux de formation (a), de sociabilité (b) et de tourisme (c) (Fig. 6).

Pour répondre à ces enjeux, les acteurs ont énoncé les actions possibles et les acteurs susceptibles d’être mobilisés. Ainsi, pour améliorer la formation, il est essentiel d’offrir une variété de cursus professionnalisants (des carrières et des métiers), en présentiel et à distance, en collaboration avec l’Université, afin de redécouvrir les métiers traditionnels et de préserver l’histoire locale, par exemple, en maintenant ouverts les magasins d’alimentation, témoins du passé du village. Pour renforcer la sociabilité, il est important pour les acteurs de créer des lieux de rencontre inclusifs, impliquant tous les habitants, y compris les jeunes. Il est également crucial d’augmenter l’offre d’emplois afin de donner la possibilité aux jeunes de rester dans leur village d’origine. La valorisation des lieux récréatifs déjà existants entre les villages est aussi une priorité pour renforcer le lien social. Pour stimuler le tourisme, les acteurs proposent de mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel des villages, ainsi que de coordonner les efforts entre localités pour organiser des événements festifs itinérants en s’appuyant sur les fêtes locales. L’accessibilité des espaces touristiques aux personnes handicapées est également essentielle pour les acteurs du tourisme qui opèrent des aménagements de leurs locaux. Enfin, la création d’un corridor touristique coopératif, reliant les différents villages, sans concurrence entre eux, pourrait être une solution pour attirer les touristes ailleurs que dans la ville centrale.

thumbnail Fig. 6

Schémas graphiques des enjeux de formation (a), de sociabilité (b), de tourisme (c) à partir des post-it (d) synthétisant les enjeux des différentes tables du Jeu de Territoire (réalisation : Luciano Copello ; photographie : Sylvie Lardon).

Assurer le portage politique des interactions urbain-rural

La cinquième innovation porte sur la hiérarchisation des actions proposées avec les membres du Service du développement productif et des relations internationales de la mairie, transformant alors les résultats de recherche en actions opérationnelles.

Une semaine après les ateliers, une partie de l’équipe de recherche s’est réunie avec le service de la mairie pour établir un ordre de priorités des actions à engager. Ces vingt et une actions sont issues de la troisième étape du Jeu de Territoire, mais aussi des pistes d’actions complétées par l’équipe de recherche à partir des connaissances acquises pendant les dix jours de mise en œuvre du dispositif.

Deux pistes d’actions ont fait l’objet d’un approfondissement par le doctorant dans les trois mois qui ont suivi les ateliers. Une première action retenue par la mairie concerne l’alimentation et le soutien aux initiatives de production, en particulier de fruits et légumes dans les villages, et de transformation d’aliments et de leur vente en ville en installant des épiceries ou des marchés locaux. Cette action s’inscrit dans la politique alimentaire du dernier kilomètre « KM0 Hecho en Tandil » qui fournit des moyens tels que la formation des producteurs des villages en comptabilité et marketing ou le soutien aux jardins potagers urbains et ruraux par la direction de l’agroécologie de la mairie. Récemment, la ville a inauguré un nouveau marché « La Movediza », pour faciliter l’accès des habitants aux produits locaux. Le village d’Azucena a également lancé un marché de producteurs auquel d’autres villages ont été conviés, une initiative désormais soutenue par la mairie.

Une autre action engagée par la mairie est l’intégration du groupe « Kermesse Rurale » aux fêtes populaires de la ville. Lors du Jeu de Territoire, l’idée d’une « kermesse itinérante » entre les villages avait été proposée. La mairie a repris l’initiative et intégré les acteurs des villages et leurs produits à d’autres événements festifs en ville. Le groupe Kermesse Rurale a participé ainsi à l’ExpoTan, 50e édition d’une exposition agricole organisée par le Cluster d’Entreprises et la Société Rurale de Tandil ainsi qu’au premier marché de Noël (mercado navideño), organisé par la mairie avec la participation d’entrepreneurs et artisans. En 2023, la mairie a souhaité organiser la deuxième édition de la kermesse rurale, désormais annuelle.

Discussion. Regards croisés à l’international et implication de la formation : deux conditions pour favoriser l’intégration urbain-rural

Le travail de prospective mené à Tandil constitue un premier apport au développement territorial, ce n’est pas un travail isolé et le processus n’est pas terminé, mais nous pouvons d’ores et déjà en tirer des enseignements. L’expérience a bénéficié de deux conditions favorables. D’une part, elle s’inscrit dans une démarche de recherche-formation-action, où la formation est au cœur de la démarche, l’enrichissant par le double apport de la recherche et de l’action et par la circulation et le partage des connaissances et des compétences (Lardon et al., 2015). D’autre part, elle contribue aux regards que nous avons croisés à l’international dans le cadre de séminaires chercheurs-acteurs à Clermont-Ferrand (France), Belém (Brésil) et Tandil (Argentine) en 2022. Nous en avons tiré des apprentissages collectifs, tant pour acquérir des connaissances sur les nouvelles dynamiques impulsées sur ce territoire que pour produire une méthode générique qui peut être appliquée ailleurs, pour les villes et leurs espaces ruraux proches.

Les apports de l’expérience ont été multiples. La démarche du Jeu de Territoire, conçue en France (Lardon et al., 2007), a été adaptée aux spécificités du terrain argentin. Elle a permis aux acteurs locaux, urbains et ruraux, de se rencontrer, d’échanger des idées, de garder trace des productions collectives pour les opérationnaliser sur le terrain. Les ateliers dans les villages se sont organisés de manière spontanée en s’appuyant plus sur les réseaux informels, sur les acteurs locaux, sur leur capacité locale à mobiliser la communauté. Les acteurs locaux impliqués dans la recherche (chercheurs, étudiants et agents institutionnels) ont contribué à identifier les participants clés au fur et à mesure. Il a fallu pour cela identifier un référent et des personnes relais sur le terrain pour échanger régulièrement, fonctionner en équipe, se coordonner. Cette dimension informelle dans un cadre de confiance progressivement établi est plus prégnante en Argentine qu’en France ou en Europe où les dispositifs sont souvent plus institutionnels.

Deux points forts se dégagent de cette expérience : la place de la formation et l’implication des acteurs. Le fait d’avoir impliqué de jeunes étudiants argentins qui connaissaient le terrain mais pas la méthodologie afin qu’ils s’approprient la démarche chemin faisant (Avenier, 1999), tout en maintenant le lien à la population locale, a été décisif dans l’adaptation de la méthodologie à la culture locale. Le rôle du doctorant argentin formé en France a également été déterminant. Il a servi de médiateur auprès des étudiants – en plus de traducteur entre le français et l’espagnol –, les rassurant sur les concepts et méthodes, mais aussi avec les acteurs, étant impliqué dans l’action et connaissant la culture locale. Il peut être considéré comme un acteur-frontière selon le sens qu’en donnent Pascale Trompette et Dominique Vinck (2009), permettant le passage d’informations d’une culture à l’autre et la transparence des démarches, des chercheurs et des acteurs, français et argentins. Par ailleurs, l’impact direct sur les politiques publiques locales a été facilité par l’intégration, dès le début, des acteurs politiques dans le dispositif de recherche, ce qui a permis d’aller jusqu’à la rédaction d’une feuille de route concrète sur le terrain et d’initier de nouvelles collaborations de recherche-action.

Cependant, certaines limites ont été identifiées. La représentativité des acteurs dans la démarche, notamment du secteur agricole, a été remise en question après coup par les membres du service municipal, en raison de l’absence de certains agriculteurs influents, certainement très actifs en ville mais moins présents dans les villages. La responsable du Service attire également l’attention sur la concurrence politique autour de la mise en œuvre des actions, dont les opposants au sein du conseil municipal pourraient jouer. Enfin, bien que les acteurs locaux aient gagné en confiance et en perspective d’avenir grâce à cette démarche, ils peuvent ressentir une frustration due à un manque de concrétisation des actions et attendre des avancées que nous ne sommes pas en mesure de fournir, n’étant plus nous-mêmes sur le terrain. Un relais du suivi des actions par des agents locaux est nécessaire et doit être planifié à l’avance.

Les portes ouvertes par cette expérimentation sont nombreuses, tant parce que les acteurs locaux, et en particulier la mairie, ont acquis des compétences pour déployer la démarche sur le terrain, que parce que les démarches de prospective sont largement soutenues au niveau national par l’INTA (Vitale, 2022). Dans le cadre d’AgriteRRIs, des collaborations internationales se poursuivent, notamment au Brésil en territoire amazonien.

Conclusion : savoir prendre des risques

La mise en œuvre de démarches prospectives participatives à l’international démontre tout leur intérêt pour construire une vision partagée du territoire entre les différents acteurs et pour produire des connaissances actionnables (David, 2008). L’expérience décrite ici est d’autant plus riche qu’elle a combiné de nombreuses conditions favorables, bien que sciemment provoquées, telles qu’un partenariat solide avec les acteurs locaux, une prise en compte de la diversité des villages ou l’implication de personnes motivées à contribuer à ce travail collectif.

La recherche, à la fois moteur et bénéficiaire de ces multiples interventions, a joué un rôle central dans ce processus. La démarche élaborée par la recherche en France a été adaptée avec l’aide des chercheurs latino-américains. La recherche assure la pérennité du projet sur le temps court de l’expérimentation (le chercheur est présent en permanence) et sur le temps long (le chercheur contribue de la conception à la restitution). C’est sans nul doute la rigueur de la démarche de recherche qui a séduit tout autant les étudiants, qui ont bien voulu apprendre chemin faisant, que les acteurs, qui ont accepté le défi de s’engager dans une démarche prospective sans savoir au début où cela les mènerait, montrant ainsi leur capacité d’improvisation (Stassi et Olmedo, 2020). Mais la recherche a également tiré profit de cette expérience en testant une nouvelle fois la robustesse de la démarche, en transmettant des savoirs méthodologiques à un public académique novice (les étudiants argentins) et en établissant des relations de confiance avec les acteurs locaux. Et cela a donné des résultats inattendus, tels qu’une séance entière de présentation du dispositif de recherche à l’équipe municipale argentine au grand complet, une séance de créativité avec les étudiants argentins novices pour élaborer les schémas graphiques d’actions et reproduite en séminaire chercheurs-acteurs ou une implication de nouveaux chercheurs français dans les démarches hybridées (Gwiazdzinski, 2016).

Mais pour cela, il fallait prendre des risques en tant que chercheur embarqué dans l’action7. Il s’agit d’adapter une démarche en la reproduisant dans les différents villages pour faire émerger les projets et en demandant aux acteurs eux-mêmes de changer d’échelles, de leur village à l’ensemble du district ; faire le pari d’intéresser tout autant les acteurs locaux, habitants des villages, que les acteurs institutionnels de la mairie, voire nationaux et internationaux, de l’INTA ou de l’Ambassade de France en Argentine, à qui nous avons pu restituer les résultats de l’expérience ; provoquer des interactions entre les villages et la ville en mettant en relation des acteurs qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble et qui découvrent là une nouvelle façon de coopérer, y compris avec la recherche. Les situations d’intervention d’équipes pluridisciplinaires, pluriacteurs, à l’international, constituent un laboratoire idéal (Pecqueur et Klein, 2020) pour expérimenter, grandeur nature, des démarches innovantes. Puissent les prescripteurs favoriser de telles démarches pour changer les pratiques de recherche et transformer le monde (Caron et al., 2017) !

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1

Le Réseau AgriteRRIs « Activité agricole, territoire et systèmes agroalimentaires localisés » est le premier Réseau de recherche à l’international de l’INRAE, avec 10 partenaires (4 organisations argentines, 4 françaises et 1 brésilienne) depuis 2007. Le thème de recherche est le développement territorial en milieu rural et l’insertion de l’activité agricole dans le territoire. Avec un master dans chaque pays, AgriteRRIs a une importante activité de formation académique.

2

Village du district de Tandil situé au sud-ouest à environ 50 km de la ville. Actuellement, il compte environ 3 000 habitants, ce qui en fait le village le plus peuplé du district.

3

Institut national de technologie agricole : centre de recherche agronomique argentin rattaché au ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et de l’Alimentation.

4

D’après le recensement national de l’agriculture (censo national agropecuario, CNA) de 2018, www.indec.gob.ar/indec/web/Nivel4-Tema-3-8-87.

5

D’après les chiffres de El Instituto Nacional de Estadística y Censos (INDEC), www.indec.gob.ar/indec/web/Nivel4-Tema-2-41-165.

6

Les modèles graphiques rendent compte des principes organisateurs de l’espace. Ce sont : maillage : découpage et appropriation de l’espace ; quadrillage : drainage et irrigation (échanges) ; hiérarchie : centres organisateurs ; contact : affectations, spécialisations, limites ; attraction : polarisation, rayonnement ; tropisme : circulations, dissymétries ; dynamiques territoriales : transformations.

7

Voir à ce sujet cette vidéo de Pierre Veltz réalisée en 2017, https://popsu.archi.fr/ressource/pierre-veltz-la-recherche-embarquee.

Citation de l’article : Copello L., Lardon S., 2025. Une démarche prospective innovante pour renouer les relations entre ville et villages du district de Tandil (province de Buenos Aires, Argentine). Nat. Sci. Soc., https://doi.org/10.1051/nss/2025032

Liste des figures

thumbnail Fig. 1

a. Localisation de Tandil dans la province de Buenos Aires ; b. Localisation de la province de Buenos Aires en Argentine (réalisation : Luciano Copello).

Dans le texte
thumbnail Fig. 2

Itinéraire méthodologique appliqué à Tandil (réalisation : Luciano Copello).

Dans le texte
thumbnail Fig. 3

Fiche synthétique du village de Gardey (source : Copello et al., 2022).

Dans le texte
thumbnail Fig. 4

Protocole de l’ensemble de la démarche : ateliers participatifs dans les villages, kermesse rurale et Jeu de Territoire à Tandil (réalisation : Luciano Copello).

Dans le texte
thumbnail Fig. 5

Carte des projets actuels des villages (couleurs froides) et des possibilités de renforcement des liens urbain-rural du district dans le futur (couleurs chaudes) pour la table 4 (source : Copello et al., 2022 ; photographie : Sylvie Lardon).

Dans le texte
thumbnail Fig. 6

Schémas graphiques des enjeux de formation (a), de sociabilité (b), de tourisme (c) à partir des post-it (d) synthétisant les enjeux des différentes tables du Jeu de Territoire (réalisation : Luciano Copello ; photographie : Sylvie Lardon).

Dans le texte

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