Savoirs relationnels et "engagement "avec le vivant : les dimensions oubliées du métier d'éleveur ?

Relational knowledge and commitment with the living environment: the forgotten dimensions of sheep farming practice

Docteur en anthropologie de l'environnement, Muséum national d'histoire naturelle, UMR 5145, Écoanthropologie et ethnobiologie, Département Hommes, Natures, Sociétés, 75231 Paris cedex 05, France

Auteur de correspondance : jblanc@mnhn.fr

Résumé

Nous montrons ici comment les connaissances et les représentations qu'ont des éleveurs du causse Méjan de leurs pâturages se construisent dans les rapports étroits et "situés "qu'ils entretiennent avec leurs animaux et le milieu naturel. Les éleveurs " apprennent le milieu "en grande partie à travers l'observation des comportements au pâturage de leurs animaux et considèrent leurs " parcours "à la fois en tant qu'espace de ressources et espace de vie pour ces derniers. L'engagement affectif et corporel avec les processus vivants, qui opèrent à travers un quotidien partagé avec les animaux et les milieux écologiques, constitue un aspect essentiel dans la construction de savoirs et de savoir-faire en matière d'élevage. Nous soutenons que ces aspects doivent être mieux pris en compte afin d'améliorer la qualité du dialogue entre scientifiques, encadrement agricole et éleveurs.

Abstract

Our paper shows how the representations and knowledge French sheep farmers have of their rangelands are embedded in the relations they build with their animals and the natural environment. These sheep farmers, who work and live in the causse Méjan, a low mountain area in southern France, describe their grazinglands not only as pools of feeding resources, but also as a set of more or less adequate ecological conditions for their animals' wellbeing. The perception they have of the rangeland heterogeneity involves a systemic and dynamic perspective that takes into account both these dimensions, and insists upon the importance of the seasonal changes which occur along the year in the natural environment. They learn the "milieu "to a great extent from observing their animals' feeding behaviour. We show that the modernisation process has not obliterated the importance of the affective and relational dimensions in the construction of animal herding knowledge, particularly regarding ecological knowledge. Scientists and extension services should consequently better take account of informal knowledge acquisition processes when seeking to understand the farmers' rationale and accompanying the transformation of this activity.