Dossier « Réaffectations du foncier : régulation étatique, investissements privés et initiatives citoyennes » - Une terre commune dans le village ? Relations village-État et économie morale au travers de la biographie d’une parcelle dans le centre du Myanmar

A common land in the village? Land biography, village-state interplay and moral economy in central Myanmar, Burma

Anthropologie et Histoire, Université de l’East Anglia, Département de Développement international, Norwich Research Park, Norwich ( NR4 7UG), Royaume-Uni

Auteur correspondant : Stéphen Huard, s.huard@uea.ac.uk

Résumé

Reconstruire la biographie d’une terre dans un village du centre du Myanmar permet d’analyser les rapports entre les relations foncières locales et les pratiques gouvernementales. Cette étude de cas se focalise sur une parcelle en particulier : détenue par un premier couple de villageois dans les années cinquante, puis confisquée et réattribuée par le gouvernement à un second couple, elle fut par la suite transformée en terre « vacante » et est aujourd’hui un terrain de football. Cependant, cette parcelle est dépendante d’usages locaux, lesquels ont été récemment confrontés à des enjeux de développement qui ont actualisé la question de son statut : terre commune, terre villageoise, ou terre vacante ? La biographie de cette parcelle montre d’une part comment l’enchâssement des usages et des statuts est lié à des pratiques gouvernementales qui sont confrontées aux relations foncières et à l’économie morale villageoises, et d’autre part comment le statut de cette terre est actuellement négocié.

Abstract

Through the description of a biography of a land in a village located in central Myanmar, this paper analyzes the interplay between local land relations and government practices. In Myanmar, colonial and postcolonial land reforms and policies have partly changed land access for local populations. This case study focuses on a specific plot of land: originally held by a family of villagers in the 1950s, the plot was latter allocated by government agents to the couple who cultivated it via a land-lease arrangement. The land was afterward turned into a “vacant land” following the implementation of a military-socialist policy and is now the village’s football ground. Meanwhile, the parcel remained dependent upon local uses and regulations challenged by development issues that update the question of its status: common land, village land, or vacant land? First, the plot’s biography enables to show successive and overlapping uses and status. Second, the unfolding of government practices (colonialists, military-socialists and post-democracy) are analyzed and confronted to local land relations and moral economy. Finally, the role of village headman is highlighted in regard to how land status are claimed and negotiated, concluding on the importance of local-government relations to understand the dynamics of social changes at play in this area.