Issue |
Nat. Sci. Soc.
Volume 26, Number 3, July-September 2018
|
|
---|---|---|
Page(s) | 270 - 279 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/nss/2018044 | |
Published online | 15 November 2018 |
Du riverain au résident : évolutions des liens à l’eau et culture locale du risque
From riparian inhabitants to urban residents: the evolving relations between people and water and local risk culture
Sociologie, Université Grenoble Alpes, UMR5194 Pacte,
Grenoble, France
* Auteur correspondant : severine.durand07@gmail.com
Reçu :
11
Novembre
2016
Accepté :
2
Novembre
2017
Au regard de l’histoire longue d’un milieu de marais, l’article propose de suivre les évolutions récentes, de 1960 à nos jours, des usages de l’eau lors du glissement d’un village agricole à une zone urbaine. L’analyse se concentre sur les transformations dans le temps des relations qu’entretiennent les habitants d’une ville du sud-est de la France avec un fleuve. De la zone agricole d’hier – où les habitants conjuguaient leur vie à l’irrégularité du fleuve, vivant au gré de ses crues, contraignantes mais fertilisantes – au quartier urbain d’aujourd’hui – où l’on habite pour l’intérêt géographique et paysager que la situation octroie, entre ville, mer, et axes de transport, tout en se protégeant fermement du risque inondation –, le mot riverain a perdu de son sens, altérant les possibilités de développement d’une culture locale du risque.
Abstract
In the perspective of the long history of a wetlands environment, the article proposes to monitor the recent and rapid changes (1960 to present) in water use on a territory that has shifted from a rural to an urban area. The study site, Lattes, is an upper middle-class suburban neighborhood located in southeastern France on the Mediterranean coast that has experienced very rapid growth. It was developed on wetlands and still remains vulnerable to flash floods. Our analysis focuses on the changes in the relationship between inhabitants and water over time and its implications for the local risk culture. From the former agricultural area – where local inhabitants adjusted to the irregularity of the river regime, their lives tuned to the river floods that were constraining as well as fertilizing – to the current urban and popular neighborhood – where inhabitants have settled for the geographical and landscape values offered both by the environment and the availability of inter-city, sea and transport connections, while actively controlling flood risks. In this situation, the term “riparian inhabitant” has lost its meaning.
Mots clés : habiter / fleuve / usages de l’eau / inondation / sud-est de la France
Key words: inhabit / river / water uses / floods / southeastern France
© NSS-Dialogues, EDP Sciences 2018
L’auteur propose ici un point de vue anthropologique sur l’évolution des usages d’un milieu humide sur plusieurs décennies (passage d’usages agricoles et de prélèvements vers des usages résidentiels et récréatifs urbains) et l’évolution du rapport des habitants à ce milieu (du « vivre avec » les contraintes liées à l’eau à l’oubli du risque d’inondation). Cet article fait en cela écho à plusieurs textes parus dans NSS sur le thème des relations entre habitants et environnements à risque (Cartier, 2005, 13, 4 ; Gentric et Langumier, 2009, 17, 3 ; Hellequin et al., 2013, 21, 4 ; Frère et Zwarterook, 2016, 24, 2). Il entend évaluer la notion de culture locale du risque au prisme du changement dans la manière d’habiter – le « riverain » se serait mué en « résident ».
La Rédaction
« Le Lez : c’est la vie mais Thanatos rôde toujours », tel est le titre qu’avait choisi en 1978 Henri Prades1 pour parler du fleuve traversant la ville de Lattes dans un article du journal communal2. Cette phrase illustre comment des habitants d’une zone deltaïque ont composé des siècles durant avec le caractère impétueux du fleuve aux crues fertilisantes pour les terres. Ancienne zone deltaïque de marais, dans le sud-est de la France, située entre Montpellier et la mer, Lattes est traversé par le fleuve le Lez, aux crues possiblement torrentielles puisque soumis au phénomène des épisodes cévenols3. Milieu habité depuis l’antiquité, la cité était alors connue sous le nom de Lattara. Ayant permis le développement de la ville de Montpellier à l’amont par son activité portuaire, puis ayant fourni celle-ci en produits frais grâce à ses terres fécondes, Lattes est devenue une ville résidentielle prisée, située dans la première couronne de Montpellier Méditerranée Métropole. L’eau y est très présente, et la forme des liens qui l’unissent à ses riverains a varié dans le temps, au gré des processus complexes inhérents aux rapports de l’homme à son environnement.
Dans la lignée de travaux sur les liens entre les communautés humaines et les zones humides (Bédoucha, 2011 ; Picon, 1988), le propos s’inscrit dans un travail de thèse sur le « vivre avec la possibilité d’une inondation » (Durand, 2014)4 (voir l’encadré 1 pour la présentation de la méthodologie de travail). Celui-ci a permis d’étudier comment on habite une zone exposée, lorsque le risque relève de l’ordinaire des situations (Gilbert, 2004). Au croisement de l’anthropologie de l’eau et de l’anthropologie urbaine, l’analyse porte sur les rapports que le système socio-spatial local entretient avec l’environnement qu’il produit et modifie en même temps qu’il le conditionne (Belgrano et Rimondi, 2003). Dans le travail présenté dans cet article, le passé a été convoqué pour regarder le présent à la lumière de sa longue construction dans le temps (Bédoucha, 2011). L’histoire longue éclaire les évolutions récentes (de 1960 à nos jours) des usages de l’eau, avec le glissement d’un village agricole à une zone urbaine, conséquence de l’évolution économique et sociale du territoire. Dans ce glissement rapide, les pratiques des habitants qui, conjuguant leur vie avec l’irrégularité du fleuve, vivaient au gré de ses crues contraignantes mais fertilisantes, ont évolué vers celles propres à une zone urbaine où l’on réside pour l’intérêt que la situation géographique octroie, entre ville, mer et axes de transport, tout en se protégeant fermement du risque inondation. La mise en perspective historique permet d’éviter l’écueil du dualisme simplificateur d’un hier « naturel » à un aujourd’hui « moderne » marqué par la maîtrise. En termes de culture du risque, et notamment des changements dans la manière d’habiter, nous proposons le déplacement suivant de la position habitante : de celle de riverain (i.e. « qui habite le long d’une rivière ») à celle de résident (i.e. « qui habite un lieu donné »)5.
Méthodologie de l’enquête de terrain
L’analyse s’appuie sur un travail socio-ethnographique de thèse conduit entre 2009 et 2013. Le matériau d’analyse est constitué par les notes de terrain de l’observation ethnographique de type « habitante » (installation sur le terrain pendant toute la durée de l’enquête et participation active à la vie locale ; le suivi de la presse locale et régionale) ; l’étude des archives de la presse locale (10 ans) et du journal communal (30 ans) ; l’étude des archives urbanistiques et des archives de la ville (procès-verbaux des conseils municipaux) ; l’étude de la gestion locale des inondations (rapports d’expertise, enquête publique, observation des réunions publiques, etc.) ; la conduite de cinquante entretiens individuels de type semi-directif auprès d’habitants, de gestionnaires, d’élus et d’experts ainsi que de trois entretiens collectifs avec quinze habitants. Ces entretiens, longs (de une à trois heures), ont été intégralement retranscrits et ont fait l’objet d’une analyse sociologique de type thématique. Les noms des habitants cités ont été anonymisés.
Habiter aux rythmes de l’eau
Au premier abord, Lattes semble être une ville récente. Pourtant, sous son apparente modernité, elle renferme plus de 2 500 ans d’histoire que de nombreux archéologues et historiens s’efforcent de préciser aujourd’hui (voir Encadré 2 pour la présentation des sources de l’analyse). La présence humaine dans cette zone deltaïque a évolué au gré des activités économiques régionales et des catastrophes (incendies et surtout crues), entre périodes florissantes et périodes de désertification. Depuis les travaux précurseurs de Prades6 qui a fait la découverte du site dans les années 1960, les archéologues et historiens distinguent des traces de vie humaine à Lattes de manière quasi continue depuis le néolithique. La permanence dans l’occupation du milieu est expliquée par la diversité des ressources lagunaires et la localisation stratégique pour les échanges commerciaux. Les activités, que ce soit l’économie vivrière ou commerciale, ont toujours été fortement tributaires des possibilités de contrôle des eaux par ceux qui voulaient les développer. Et régulièrement, les activités ont été perturbées, voire la cité fut anéantie, par les crues dévastatrices du fleuve.
Sources des données historiques
L’analyse historique sur le temps long s’appuie notamment sur les travaux de l’un des historiens référents de Lattes : Philippe Blanchemanche (CNRS, UMR 5140, Archéologie des sociétés méditerranéennes), ainsi que sur l’entretien conduit avec lui. Cette analyse s’appuie par ailleurs sur la synthèse réalisée par le service régional de l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France (DRAC, 2004). Enfin, l’analyse a bénéficié des nombreuses synthèses des travaux de recherches archéologiques menées à Lattes et publiés mensuellement en page « Archéologie » du journal communal dans les années 1980 et 1990, principalement sous la plume de Henri Prades (cf. note de bas de page 1). Enfin, le propos s’appuie sur les autres ressources bibliographiques disponibles, citées au fil du texte.
L’analyse historique du développement urbain récent s’appuie sur les entretiens conduits avec une douzaine d’habitants natifs disposant d’une connaissance fine de l’histoire de la ville (famille lattoise depuis plusieurs générations). Parmi eux, six furent conseillers municipaux pendant la période analysée. L’analyse s’appuie également sur le travail sur les archives urbanistiques et les archives de la ville. La première partie du mémoire de doctorat (Durand, 2014) ainsi qu’un article (Durand, 2015) détaillent cet historique du développement urbain de la ville.
L’analyse des usages récréatifs de la nature s’appuie sur l’observation ethnographique ainsi que sur les entretiens conduits aves des habitants et des gestionnaires de la zone naturelle. Ce matériau qualitatif a été complété par la consultation des archives municipales et de rapports internes à la Maison de la nature à Lattes, notamment celui de Lagasse (2003).
Occupée dès l’antiquité, au néolithique moyen, Lattara fut l’un des principaux ports de Gaule méridionale. La cité fut cependant abandonnée dans l’Antiquité classique. Les archéologues décèlent beaucoup plus tard les traces d’une cité gallo-romaine prospère (DRAC, 2004). Entre ces deux temps d’apogée, le site a profondément changé (Fig. 1) : dans un delta, le cours du fleuve se modifie au fil du temps et son évolution « naturelle » est celle d’une diminution de la surface lagunaire (Daveau et Jorda, 2008 ; Blanchemanche, 2006). Les Lattarenses7 conjuguaient habilement leurs activités avec le milieu lacustre. Les fouilles archéologiques ont révélé par exemple que pour lutter contre la boue, l’une des plaies du monde antique, ils avaient développé une connaissance fine des matériaux appropriés à un dessèchement rapide (galet, gravier, sable) ; ou encore que « côté étang, on aménageait de larges exutoires, permettant d’évacuer rapidement les eaux d’inondations »8. Les dernières traces de la cité gallo-romaine datent de la fin du IIe et du début du IIIe siècle. La désertion progressive du site s’explique sans doute par des causes d’origine climatique entraînant un alluvionnement plus intense du Lez, un ensablement du port, des inondations destructrices et une remontée de la nappe phréatique (DRAC, 2004).
![]() |
Fig. 1 Représentation cartographique de l’ancien delta du Lez. Source : d’après Daveau et Jorda (2008). |
Aménager aux rythmes de la société
Au XIe siècle s’établit quelques kilomètres en amont le bourg de Montpellier. En effet, la situation stratégique de Lattes pour le commerce suscite rapidement de l’intérêt. Un port médiéval y est établi pour favoriser l’expansion de Montpellier. Le choix du lieu de son implantation est déterminé en partie par la possibilité d’assurer l’accès au port depuis l’étang ; les navires peuvent transiter de la mer à l’étang, puis au port via le fleuve (Blanchemanche, 2002). Des exonérations d’impôts sont accordées pour encourager des personnes de la région à s’établir dans cette zone lagunaire insalubre et laissée alors plus ou moins à l’abandon en raison des moustiques. Au cours du XIIe siècle, les seigneurs font procéder à un assèchement quasi définitif des marais. La zone est l’objet d’importants travaux d’aménagement afin d’établir un dispositif hydrologique pour concilier les activités de navigation (échanges commerciaux), de production (meunerie) et de culture (prairies de fauche et pâture), ainsi que pour se prémunir des crues (Blanchemanche, 2002). La conciliation de trois activités tributaires de l’eau va conduire les gestionnaires de la plaine à une « volonté de maîtrise des eaux aussi savante que complexe, en réajustement permanent » (Blanchemanche, 2000, p. 25). L’arbitrage entre ces activités concurrentielles sur un même espace se fait au profit de l’activité commerciale, à l’encontre de l’évolution naturelle d’un système deltaïque en milieu lagunaire9. Cela nécessita une intervention forte de l’homme sur le réseau hydrologique (Blanchemanche, 2006). Les habitants de ce milieu ont, à travers le temps, usé d’ingéniosité pour résoudre les problèmes relatifs à l’eau et adapter ses rythmes à leurs activités. Ce temps d’apogée commerciale est affaibli par l’établissement proche du port d’Aigues-Mortes, venant concurrencer la situation de monopole de Lattes sur le Languedoc oriental (DRAC, 2004). Surtout, au début du XIVe siècle, se succèdent plusieurs crues dévastatrices qui vont perturber considérablement le réseau hydrographique dessiné au gré des aménagements des deux siècles précédents (Blanchemanche, 2000)10. Un ensablement progressif du site fait péricliter l’activité portuaire et entraîne une désertification du milieu au cours des siècles suivants. Le port est établi plus en amont, à Montpellier, grâce à la canalisation du fleuve et la création de trois écluses. La zone de Lattes, alors quasi désertée, sert de carrière pour ces travaux permettant la navigation jusqu’au nouveau port. Le début du XVe siècle connaît d’autres épisodes d’inondations importants (Daveau et Jorda, 2008). Le comblement progressif du delta et le gain de terres cultivables sur les étangs se poursuit, seules les activités agricoles persistent sur la zone (Blanchemanche, 2006). Le delta devient – et le restera jusque encore tout récemment – une zone agricole répondant au besoin croissant en denrées agricoles induit par le développement de la ville de Montpellier (Le Roy Ladurie, 1957). Pour favoriser la production agricole, de nouveaux aménagements sont réalisés et une gestion contraignante est mise en place afin de lutter contre la salinité des sols et des submersions périodiques, facteurs très limitants pour l’usage agricole des terres. Celles-ci sont quadrillées par tout un réseau de roubines le long desquelles des vannes (martelières) favorisent le drainage et le dessalage des sols (Segondy, 1996). Au début du XXe siècle, la principale source de revenus pour la commune est constituée par le fermage de la pêche ou de la chasse autour des étangs. Les mas agricoles marquent le milieu des présences humaines qui travaillent la terre. La vie locale s’organise autour de la gestion de l’eau pour la production de denrées agricoles et les activités de chasse et de pêche. Plusieurs évènements d’ordre social ou socio-naturel vont perturber cet équilibre au cours du XXe siècle. La première guerre mondiale empêche la pratique de la chasse et de la pêche autour de l’étang pendant de longs mois11. L’inondation de l’année 1933 a aussi des conséquences très néfastes sur la pratique de la chasse pour les adjudicataires de droit, principalement des privés, sur l’étang. Toutefois, les droits de chasse privés dans la zone de marais demeurent encore importants après la seconde guerre mondiale. Au lendemain de cette guerre, des travaux furent entrepris pour réhabiliter le réseau hydrologique local qui avait été négligé pendant l’occupation allemande.
Au milieu du siècle dernier, Lattes est donc une petite bourgade en retrait de Montpellier et du littoral, dont les habitants sont appelés « Lous manja-mouissaus »12 (Franck, 1982). La terre est couverte de vignes, de blé, de maraîchage, et surtout de prairies de fauche pour l’élevage de bovins et d’équidés. En 1960, la ville compte 1 600 habitants qui, en tant que propriétaires ou travailleurs agricoles, répondent aux besoins locaux en produits frais. Tous vivent de l’agriculture, à l’exception du tenancier du café de la gare et de quelques agents municipaux. La vie locale s’organise selon un mode de vie aux caractéristiques des communautés restreintes (Hannerz, 1983). Un habitant natif13 confiait ainsi ses souvenirs d’enfant : « Dans les années cinquante, on était onze cents habitants et tout le monde connaissait tout le monde. » À proximité des étangs et donc des moustiques, la terre de Lattes était réservée à ceux qui la travaillaient : des agriculteurs à la peau dure. « C’était des étangs et des terres sauvages. […] Donc, on allait ramasser les lentilles d’eau, […] les fleurs, les lys, tout ça, mais là c’était sous la surveillance d’un adulte ! Ce n’était pas un terrain de jeu ! […] Vous aviez la boue, vous aviez… ben, le marais ! C’était un milieu dangereux. C’était un milieu inhospitalier, c’était un milieu sauvage ! », se souvient une habitante native14. Les activités, que ce soit l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse des marais, comme les jeux d’enfants, étaient tributaires de l’eau environnante.
L’occupation de ce milieu de marais s’inscrit dans une longue histoire de domination de l’eau, au profit du commerce et de l’agriculture vivrière puis commerciale. L’histoire de l’agriculture sur ce territoire est rythmée par un combat perpétuel contre les excès de l’eau et la salinisation des sols. Les périodes de construction de villages et de désertification furent dépendants de la capacité de maîtrise de la nature inhospitalière d’une zone lacustre. Les pratiques locales se sont très longtemps organisées autour de l’eau, ont été rendues possibles par elle, associées à la technique humaine. Au milieu du XXe siècle, la communauté agricole lattoise apparaît encore fortement ancrée dans le milieu lacustre. Deux projets d’État vont alors être sources de bouleversements et changer considérablement, en quelques années, ce paysage lattois formé par les usages de l’eau.
Maîtriser pour y résider
Dans un contexte de reconstruction d’après-guerre et d’après décolonisation, puis des Trente Glorieuses, l’État centralisé veut redynamiser les régions françaises oubliées de la modernité et définit des orientations de développement pour les différentes régions jugées insuffisamment développées (Rabinow, 2003). La Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale15 est créée pour mettre en action cette volonté d’aménagement du territoire (Pasquier, 2012). La région Languedoc-Roussillon est définie comme devant se destiner au tourisme (Sagnes, 2001). Ainsi fut pensée la mission Racine16 dans le cadre de laquelle, dans un contexte d’État-providence, il s’agissait aussi de maîtriser le foncier pour éviter le bétonnage privé et maintenir un intérêt paysager en petite Camargue, aux portes de la plus grande zone humide de France17. De grandes cités touristiques furent planifiées puis érigées (Carnon, La Grande-Motte). Leur développement nécessita un travail d’assainissement des étangs de la région envahie par les moustiques. Une grande campagne de démoustication permit de dominer cette nature inhospitalière (Sagnes, 2001). Lattes n’était pas directement concernée par les projets d’aménagements à vocation touristique, car située plus en retrait du littoral, mais la démoustication concernait les étangs qui bordent la ville, et cette donnée a changé la donne en matière de possibilité de développement urbanistique (voir Encadré 2 pour la présentation des sources de l’analyse). La plaine agricole, désormais démoustiquée, pouvait changer de vocation à proximité de la grande ville et de la mer. La transition s’opéra par la combinaison de plusieurs facteurs. Le développement de la ville de Montpellier en amont et l’attractivité grandissante de la zone, notamment avec le développement du tourisme, amenaient une demande de logement en constante augmentation. Parallèlement, la production agricole locale était de plus en plus concurrencée par des circuits plus larges, avec le développement de l’industrie agroalimentaire et des filières de produits d’Espagne. Pour les agriculteurs lattois, la pression foncière augmentant sur la région constitua alors une opportunité de valorisation foncière plus lucrative. Les terres agricoles valorisées jusqu’alors pour leurs productions devinrent une aubaine économique via la vente de parcelles à bâtir. Les premiers projets de lotissements résidentiels apparurent peu de temps après le succès de la démoustication, impulsant la mutation d’un milieu agricole en zone urbaine. Le cadre législatif français sur les liens entre urbanisme et risque d’inondation n’était pas encore très contraignant. Une règlementation existait mais n’était que peu efficace (Ledoux, 2006). Un ancien de Lattes18 raconte par exemple que « à ce moment-là, il n’y avait pas de plan d’aménagement du territoire […], mon frère était en train de construire sur notre propriété, comme ça, avec une simple demande, il y avait un minimum de terrain exigé mais on pouvait construire n’importe où et n’importe comment ! » De surcroît, la dernière inondation ayant marqué les mémoires dans la région remontait à près de quarante ans et ne pesait plus sur les esprits localement. En 1962 fut déposée la première demande de permis de construire pour la première tranche d’un lotissement qui en connut quinze entre 1962 et 1975. La transition d’une plaine agricole en une zone pavillonnaire était enclenchée.
Du riverain au résident
« Quel fleuve ? Tu veux dire le canal ? »
(Un habitant, hiver 2010)19
Dans cette transformation progressive de la petite bourgade agricole en zone pavillonnaire résidentielle, les liens à l’eau se sont considérablement modifiés. Les agriculteurs sont devenus de moins en moins nombreux et les personnes connaissant le fonctionnement hydraulique de la plaine se sont faites de plus en plus rares. Entre la construction aux alentours de cités touristiques et l’expansion urbaine de Montpellier, la gestion locale de l’eau qui s’organisait jusque-là autour des activités productives va évoluer vers des usages de plus en plus urbains et ludiques. Parallèlement, les enjeux de préservation de l’environnement vont gagner en légitimité, participant de la modification des usages locaux de l’eau.
L’accès à la zone des étangs fut peu à peu réglementé, au gré des évolutions législatives françaises. La zone marécageuse des étangs devint la zone naturelle de l’étang du Méjean. En 1980, le Conservatoire du littoral fit l’acquisition des premiers terrains autour de l’étang et, en 1985, tous les terrains le bordant étaient sa propriété. À partir de cette volonté de protection, et sans que cela soit totalement planifié, la zone va peu à peu se transformer en une zone de loisirs. Le terrain lattois rejoint ainsi la Camargue étudiée par Picon (1988). Dans son travail de thèse, il analyse la transformation d’un « espace productif » en « espace objet », c’est-à-dire d’un espace support d’activités économiques (dont il était à la fois la condition et le résultat) et objet de travail, en un espace support de consommation et objet de loisirs. Picon étend l’analyse de ce processus en Camargue à tout l’espace rural, en postulant que ce processus redéfinit les espaces ruraux, quoique de manière différenciée selon les lieux. Le milieu lattois apparaît comme s’inscrivant dans un tel processus. Les pratiques qui avaient façonné jusque-là ce milieu vont en être bouleversées. Les usages autour de la zone humide commencèrent à devenir concurrentiels. La pêche et la chasse furent strictement réglementées. Si des battues étaient encore organisées au début des années 1980, elles étaient déjà perturbées par l’urbanisation, en amont notamment. Des pollutions dans l’étang furent engendrées par les effluents des stations d’épuration qui s’y déversaient, modifiant le milieu et donc les populations d’espèces le peuplant. Les archives municipales révèlent que des pêcheurs, dès le début des années 1980, demandaient la limitation de la navigation de plaisance et de la fréquentation des rives de l’étang. Car la fréquentation du site augmentait d’année en années, au gré de la croissance démographique de la région. La volonté de gérer cet afflux a conduit à la création de la Maison de la nature au début des années 1990. La fréquentation du site n’aura alors de cesse d’augmenter, engageant toujours davantage d’aménagements (sentiers, parking, etc.). Un rapport de suivi de la fréquentation de cette Maison de la nature montre, en 199520, que les visiteurs y viennent pour se divertir et s’oxygéner. Les citadins, en majorité venant de Montpellier, disent y apprécier la tranquillité qui répond à leur besoin de s’éloigner de la ville et de se détendre. Avec la montée des préoccupations environnementales en milieu urbain, la nature apparaît comme une valeur refuge et des parties du territoire sont mises en réserve pour les loisirs des citadins (Kalaora, 2001). Plus récemment, l’observation ethnographique menée sur le terrain pendant plus de trois ans confirme la dominance des usages de la nature de type récréatif. Rares furent les observations de pratiques locales liées au fleuve ou aux étangs qui relèvent d’un autre registre que celui des loisirs. Dans cet avènement au « tout loisirs », les liens à l’eau se transforment. Bien sûr, on peut relever aussi quelques autres (rares) formes de liens à l’eau. Comme par exemple des attentions à l’endroit du fleuve, et plus particulièrement à son niveau d’eau. Ainsi, dans le cadre de l’observation participante menée sur le terrain, lors d’un trajet en bus, alors que celui-ci passait sur le fleuve une jeune fille occupée à discuter avec une autre, l’interrompit pour lui dire « Qu’est-ce qu’il est haut le Lez, pourquoi est-il si haut ? » On peut aussi observer des scènes de pêche dans le fleuve. Mais ces observations restent marginales, les usages de la nature dominants renvoyant à une « nature décor ». Les pratiques qui y sont associées sont de l’ordre d’un cadre paysager offert. L’espace de la zone naturelle protégée prend des allures de parc urbain et les aménagements aux abords du fleuve permettent les activités de sport et loisirs. Une piste cyclable reliant Montpellier à la mer, via Lattes, y a été construite. Dans l’attention qui a été portée à la place de la nature dans la vie lattoise, le fleuve n’apparaît pas, jamais il n’a été évoqué dans ce contexte. Il faut dire que le paysage a bien changé. Désormais, le Lez est muré derrière sa digue (Fig. 2). Dans le basculement des usages agricoles de l’espace vers des usages résidentiels, Lattes s’est rendue plus vulnérable et a dû être davantage protégée des crues (Durand, 2015). Le fleuve fut endigué suite à la crue de 1976 qui a inondé les premiers lotissements construits. Plus récemment, de 2008 à 2011, de grands travaux de renforcement des digues ont été menés, modifiant encore considérablement les liens au fleuve. Le spectacle des travaux du Lez offrait à la vue tractopelle et pelle mécanique le triturant, ainsi que blocs de rochers et panneaux « attention danger ». La digue s’est élargie, la ripisylve a disparu au profit de blocs de gabion21. L’eau circule maintenant entre deux murs de béton. Le fleuve est mis à distance, la digue sépare le fleuve de ses riverains. Les appropriations locales en sont inévitablement déplacées.
Le Lez, caché derrière sa digue, est un lieu où l’on ne va plus s’étendre pour se détendre comme a pu le peindre Bazille22 mais où l’on se promène à des fins pratiques, pour faire son footing ou rallier la mer à vélo. Un habitant23 dont le jardin borde la digue reconnaît par exemple que le renforcement de la digue a bouleversé ses habitudes de balades matinales au bord du fleuve. Désormais, cet espace, totalement minéralisé, est aménagé en une piste cyclable et se transforme en véritable cycloroute le week-end. Dans ces aménagements et la modification des usages, un lieu commun est devenu lieu public (Koveneva, 2011).
Le journal de la ville constitue un précieux indicateur de ces évolutions. L’analyse des archives du journal, de 1977 à nos jours, montre que les références au fleuve, si elles sont encore relativement fréquentes, ont considérablement changé de forme au fil du temps. La manière dont on parle du fleuve dans les archives des années 1970 ou 1980, au travers des extraits du feuilleton historique « Une rivière nommée Lez »24 que l’on peut suivre dans chaque numéro, témoigne d’une présence importante du fleuve dans le rapport au lieu de vie. Les articles en page « Archéologie », rédigés par Henri Prades, mettent très souvent en valeur les savoir-faire ancestraux de la gestion locale de l’eau. Toute présentation de la ville mentionne le fleuve, illustrant son importance dans la vie locale. Le recours à des registres plus intimistes donne à voir la place importante tenue par le fleuve dans la vie de ses riverains. Ainsi, de fréquents anthropomorphismes sont opérés envers le fleuve, allant jusqu’à faire de lui un aïeul de la famille : « Grand-père Ledum ça suffit »25; ou bien, sur un mode plus poétique, comme dans cette « Ode au Lez ». Et lorsque le 1er avril 1979 est publié un article annonçant la découverte de pétrole aux abords du fleuve (« Du pétrole à Lattes »26), ou encore lorsque, le même jour deux années plus tard, on titre sur une découverte d’or dans le fleuve (« L’or du Lez »27), l’humour prend le relais.
Ces formes d’attachement au fleuve apparaissant dans le journal communal dans les années 1980 (Fig. 3) font alors ressortir la simplification des évocations contemporaines du fleuve (Durand, 2011). Si l’équipe municipale actuelle a conservé l’inscription du cours d’eau dans une dimension patrimoniale pour ses dépliants touristiques28, celle-ci a disparu des articles du journal communal. Les évocations directes du fleuve se raréfient et c’est surtout comme décor pour les loisirs que le Lez est désormais évoqué. Le registre des loisirs est de loin celui qui compte le plus d’articles aujourd’hui (Durand, 2011). Si la période récente des travaux de protection contre les inondations fut l’occasion d’articles sur le fleuve, celui-ci y apparaissait comme un élément maîtrisé, dénaturalisé. L’analyse comparative du traitement dans le journal de la ville des travaux de protection contre les inondations lors de l’édification de la digue dans les années 1980 et lors de son renforcement au début des années 2000 montre cette évolution de la communication contemporaine vers un registre très technique, quand un recours à l’émotionnel dominait encore largement le traitement de la question dans les années 1980. Dans les articles récents sur les travaux, les illustrations du cours d’eau, principalement des photos aériennes, alimentent une mise à distance des inondations et donnent l’impression, avec des titres comme « Le grand chantier vu du ciel »29, que les éléments naturels sont dominés.
Aujourd’hui, la question de l’inondation réglée, les mentions du fleuve sont exclusivement motivées par les manifestations ludiques et sportives qui sont tenues à ses abords, traduisant un rapport au fleuve instrumentalisé pour les loisirs (Durand, 2011). Les articles mettent en avant l’activité de loisirs, plus le cours d’eau, comme l’illustre l’extrait du journal présenté en figure 4. De la même manière, les pratiques dans la zone naturelle de l’étang sont inscrites dans des usages urbains. Si les mises en mots et en images de la zone naturelle n’excluent pas la nature, elles en vantent sa proximité, tel un service communal de plus et en font principalement un objet de consommation sous couvert d’animations et de sorties.
Ainsi, si les coupures du journal des années 1980 donnent à voir une diversité dans les registres d’expression du fleuve, suggérant la place importante occupée par ce dernier pour les riverains, les formes d’expression contemporaines sont plus rares et réductrices, ne laissant au fleuve qu’une place de support pour les activités de loisirs (Durand, 2011). L’évolution démographique, avec ses nouveaux venus et ses nouvelles générations, se traduit dans de nouveaux modes d’appropriation du milieu. Dans ce mouvement, les formes d’investissement du fleuve changent et, plus anthropocentrées, apparaissent moins liées à son caractère naturel. Ces appropriations nouvelles du fleuve ne font pas figure d’exception. Romain (2010) a montré comment les pratiques autour des fleuves tendent aujourd’hui à se limiter aux pratiques de loisirs avec la nature comme décor. Si l’on observe aujourd’hui un grand retour des plans d’aménagement urbains vers les fleuves, les pratiques associées se limitent très souvent au support d’événements festifs occasionnels (Romain, 2010).
L’actuelle volonté de maîtrise de l’eau dans la gestion du risque inondation n’est pas nouvelle. Depuis l’antiquité, les riverains du Lez ont élaboré un réseau hydrographique complexe, avec de nombreux aménagements et modifications du cours du fleuve, transformant ainsi le fonctionnement deltaïque. Le milieu lui-même a participé aussi à l’évolution du rapport à l’eau : au fil du temps, la terre a gagné du terrain sur l’eau. Un ensablement progressif a contraint le déclin de l’activité portuaire, la valorisation foncière locale a conduit à celui de l’activité agricole ; et peu à peu, la vie sociale s’est organisée en marge de l’eau. Les pratiques locales ont alors considérablement changé, les agriculteurs cessant leurs activités et les personnes connaissant le fonctionnement hydrologiques devenant plus rares. Peu à peu le fleuve s’est emmuré derrière une digue. Ce que les habitants voient aujourd’hui, c’est moins le fleuve que la digue qui en protège. D’aucuns l’appellent même le canal. Les pratiques liées au fleuve en font désormais un espace public pour les activités ludiques et non plus une ressource commune pour la production vivrière. À travers le temps, si habiter ce milieu est toujours lié à des raisons pratiques, ce n’est plus pour les apports limoneux du fleuve mais pour le cadre résidentiel offert. Le sens pratique du milieu demeure, mais le rapport au fleuve donne à voir une relation à l’eau qui s’est distanciée. La digue incarne cette distance. Le fleuve n’est plus en vue, les attentions à son égard se raréfient, les liens à l’eau se distendent. « Out of site, out of mind », résumait Tonnelat (2011) à propos de la catastrophe de 2005 à la Nouvelle-Orléans où la non-conscience locale de la présence du bayou30 serait en majeure partie due au manque de visibilité de ce dernier dans la vie locale. La vie avec un cours d’eau participe de la mise en place de la vigilance à son égard (Morel-Journel, 2006 ; Richard-Ferroudji et al., 2015). Les savoirs et capacités de veille sont fondés sur une longue cohabitation avec le cours d’eau avant qu’il ne déborde. Le sentiment de sécurité généré par les ouvrages de protection alimente l’oubli de la possibilité de l’inondation (Durand et Richard-Ferroudji, 2016 ; Picon et al., 2006). Dans ce cas d’étude, le rapport distancé au fleuve, inscrit plus largement dans un rapport à une nature aménagée et domestiquée, apparaît comme l’un des éléments empêchant la constitution d’une culture locale du risque inondation (Durand, 2014). Dans ce milieu inondable où les politiques publiques en appellent à une « culture du risque », la protection contre le fleuve a supplanté celui-ci, participant à compromettre la possibilité d’envisager ses débordements. Plus largement, le qualificatif de « riverain » a perdu de son sens et celui de « résident » semble plus approprié aujourd’hui pour qualifier les habitants lattois31.
![]() |
Fig. 2 La digue de Lattes. © S. Durand, 2012. |
![]() |
Fig. 3 Extrait du journal communal de Lattes n° 6 d’avril 1979. |
![]() |
Fig. 4 Extrait du journal communal de Lattes n° 40 de juillet-août 2009. |
Références
- Bédoucha G., 2011. Les liens de l’eau, Paris, Maison des Sciences de l’Homme. [Google Scholar]
- Belgrano E., Rimondi D., 2003. Société et territoire : une approche qualitative, Rives méditerranéennes, 3, 15, 67-74. [Google Scholar]
- Blanchemanche P., 2000. La plaine de Lattes du XIIe au XIXe siècle. Dynamique naturelle et mise en valeur, Lattara, 13, 178. [Google Scholar]
- Blanchemanche P., 2002. Les ports médiévaux de la plaine de Lattes : quelques enseignements sur l’utilisation et l’aménagement des cours du Lez, Lattara, 15, 203-213. [Google Scholar]
- Blanchemanche P., 2006. La gestion sociales des eaux dans le delta du Lez (Hérault) du XIIe au XIXe siècle, in Beck C., Luginbühl Y., Muxart T. (Eds), Temps et espaces des crises de l’environnement, Paris, Éditions Quae, 21-36. [Google Scholar]
- Daveau I., Jorda C., 2008. Sur les rives du Lez. Utilisation d’une zone inondable lors des six derniers millénaires, Archéopages, 23, 12-21. [Google Scholar]
- DRAC Languedoc-Roussillon, 2004. Lattes 1204-2004. Inventaire général, Montpellier, Association pour la connaissance du patrimoine en Languedoc-Roussillon. [Google Scholar]
- Durand S., 2011. Quand la ville communique sur son fleuve, entre patrimoine et maîtrise : quelles transmissions ?, Vertigo, hors-série n°10 « Fleuves, estuaires et cours d’eau : représentations et pratiques », doi: 10.4000/vertigo.11403. [Google Scholar]
- Durand S., 2014. Vivre avec la possibilité d’une inondation ? Éthnographie de l’habiter en milieu exposé… et prisé. Thèse de doctorat, Aix-en-Provence, Aix-Marseille Université. [Google Scholar]
- Durand S., 2015. Du marécage à la résidence. Trajectoire d’une zone inondable, Annales de la recherche urbaine, 110. [Google Scholar]
- Durand S., 2016. Investiguer la possibilité d’une “culture du risque” : Ethnographie de l’habiter en milieu risqué… et prisé, La Houille Blanche, 1, 77-80, doi: 10.1051/lhb/2016010. [CrossRef] [EDP Sciences] [Google Scholar]
- Durand S., Richard-Ferroudji A., 2016. « Vivre avec » versus « exclure » la possibilité de l’inondation : mécanismes contrastés de mise en visibilité du risque dans deux quartiers du Sud de la France, in Lalanne M., Becerra S., Weisbein J. (Eds), Faire face aux risques dans les sociétés contemporaines, Toulouse, Octarès Éditions, 249-262. [Google Scholar]
- Franck L., 1982. Une rivière nommée Lez, Montpellier, Imprimerie de la Charité. [Google Scholar]
- Gilbert C., 2004. Marées noires : le risque et l’ordinaire, Natures Sciences Sociétés, 12, 2, 133-134. [Google Scholar]
- Hannerz U., 1983. Explorer la ville, Paris, Les Éditions de Minuit. [Google Scholar]
- Kalaora B., 2001. À la conquête de la pleine nature, Ethnologie française, 31, 4, 591-597. [Google Scholar]
- Koveneva O., 2011. Les communautés politiques en France et en Russie : regards croisés sur quelques modalités du vivre ensemble, Annales. Histoires, Sciences sociales, 66, 3, 787-817. [Google Scholar]
- Lagasse S., 2003. Le site naturel protégé du Méjean d’hier à aujourd’hui. Rapport de Maîtrise des sciences et techniques du patrimoine, Montpellier, Université Paul Valery. [Google Scholar]
- Ledoux B., 2006. La gestion du risque inondation, Paris, Lavoisier. [Google Scholar]
- Le Roy Ladurie E., 1957. Sur Montpellier et sa campagne au XVIe et XVIIe siècles, Annales ESC, 12, 223-230. [Google Scholar]
- Morel-Journel C., 2006. Au bord des ruisseaux périurbains. Une vigilance silencieuse mais opérante, in Roux J. (Ed), Être vigilant. L’opérativité discrète de la société du risque, Saint-Étienne, Université de Saint-Étienne, 129-141. [Google Scholar]
- Pasquier R., 2012. Le pouvoir régional. Mobilisations, décentralisation et gouvernance en France, Paris, Presses de Sciences Po. [Google Scholar]
- Picon B., 1988. L’espace et le temps en Camargue, Arles, Actes Sud. [Google Scholar]
- Picon B., Allard P., Claeys-Mekdade C., Killian S., 2006. Gestion du risque inondation et changement social dans le delta du Rhône. Les catastrophes de 1856 et 1993-1994, Paris, Éditions Quae. [Google Scholar]
- Rabinow P., 2003. Une France si moderne, Paris, Buchet / Chaster. [Google Scholar]
- Richard-Ferroudji A., Dupont N., Durand S., Grelot F., 2015. Une politique du « vivre avec » un fleuve et ses débordements, Vertigo, 14, 2, doi: 10.4000/vertigo.15057. [Google Scholar]
- Romain F., 2010. La construction contemporaine des paysages fluviaux urbains : le fleuve, une infrastructure paysagère au service d’une image de re-naturation urbaine. Thèse de doctorat, Paris, École nationale supérieure du paysage Versailles-Marseille, AgroParisTech. [Google Scholar]
- Sagnes J., 2001. Deux siècles de tourisme en France, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan. [Google Scholar]
- Segondy J., 1996. Histoire de Lattes des origines à la Révolution, Montpellier, Fédération archéologique de l’Hérault. [Google Scholar]
- Tonnelat S., 2011. Making sustainability public: a viewing platform in the Lower 9th. Communication au Symposium Learning from New Orleans post-Katrina, 28-29 mars, Aix-en-Provence. [Google Scholar]
Henri Prades était conseiller municipal de Lattes et archéologue amateur passionné. C’est grâce à ses travaux et son opiniâtreté que la valeur archéologique du site de Lattes a été reconnue. Découvrant à Lattes des vestiges antiques, il a œuvré pour que soit créé en 1986 un complexe archéologique, devenu aujourd’hui le site archéologique Lattara (source : journal communal de Lattes n° 33, octobre 1986, p. 14).
La thèse a été financée par l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Montpellier) et accueillie par le Laboratoire méditerranéen de sociologie (Aix-Marseille Université). Pour une présentation de ses principaux résultats, voir Durand (2016).
Source : www.larousse.fr.
La tendance « naturelle » du delta est plutôt d’accroître son domaine terrestre. Le développement d’activités agricoles de type production fourragère, comme ce fut le cas au cours du XIIIe siècle, nécessitait par exemple bien moins d’intervention humaine. Le développement de l’activité commerciale est la résultante d’un choix économique supposant des ajustements permanents pour la faciliter (Blanchemanche, 2006).
À l’automne 1330 notamment, l’une d’entre elles va combler environ 850 mètres du Lez entre le port et l’étang, mettant en difficulté certaine l’activité portuaire alors florissante (Blanchemanche, 2000).
Administration de mission à vocation interministérielle, la DATAR préparait et coordonnait les politiques d’aménagement du territoire menées par l’État. Elle est devenu le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) en 2014 par fusion avec le Comité interministériel des villes et de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (source : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/cget-datar, consulté le 21 août 2018).
La mission interministérielle d’aménagement du littoral du Languedoc-Roussillon, dite « mission Racine », a, de 1963 à 1983, créé les conditions du développement des activités touristiques et de la protection des espaces naturels (source : http://archives-pierresvives.herault.fr/archive/fonds/FRAD034_000000473/n:34, consulté le 21 août 2018).
Le feuilleton constitué par des extraits de l’ouvrage « Une rivière nommée Lez » de Franck (1982).
On peut y lire par exemple en page « Patrimoine » : « au bord du Lez, Lattes fut un port important de la Méditerranée occidentale […] » ou encore « Port Ariane renoue avec un passé prestigieux : la grande voie fluviale que fut le Lez du temps de Jacques Cœur » (pages 24 et 25 du Guide pratique touristique 2012-2013 édité par l’office de tourisme de Lattes).
Termes pris au sens de « qui habite le long d’une rivière » pour riverain et « qui habite un lieu donné » pour résident. Source : www.larousse.fr.
Citation de l’article : Durand S., 2018. Du riverain au résident : évolutions des liens à l’eau et culture locale du risque. Nat. Sci. Soc. 26, 3, 270-279.
Liste des figures
![]() |
Fig. 1 Représentation cartographique de l’ancien delta du Lez. Source : d’après Daveau et Jorda (2008). |
Dans le texte |
![]() |
Fig. 2 La digue de Lattes. © S. Durand, 2012. |
Dans le texte |
![]() |
Fig. 3 Extrait du journal communal de Lattes n° 6 d’avril 1979. |
Dans le texte |
![]() |
Fig. 4 Extrait du journal communal de Lattes n° 40 de juillet-août 2009. |
Dans le texte |
Current usage metrics show cumulative count of Article Views (full-text article views including HTML views, PDF and ePub downloads, according to the available data) and Abstracts Views on Vision4Press platform.
Data correspond to usage on the plateform after 2015. The current usage metrics is available 48-96 hours after online publication and is updated daily on week days.
Initial download of the metrics may take a while.