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Nat. Sci. Soc.
Volume 32, Number 3, Juillet/Septembre 2024
Dossier « L’évaluation des jeux sérieux sur les thématiques agro-environnementales, territoriales et alimentaires »
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Page(s) | 389 - 390 | |
Section | Association NSS-Dialogues – NSS-Dialogues association | |
DOI | https://doi.org/10.1051/nss/2025009 | |
Published online | 17 March 2025 |
Hommage à Jean-Claude Lefeuvre
Crédit : Thibault Lefeuvre, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Jean-Claude Lefeuvre est décédé le 12 octobre 2024 et a été enterré à Trans-la-Forêt, commune où il était né le 18 mars 1935. C’est avec une grande tristesse que NSS a appris son décès, car il fut un compagnon de route depuis l’origine, non seulement comme membre actif de son comité de rédaction (de 1993 jusqu’à 2011), mais aussi comme soutien indéfectible de son projet intellectuel dans les différentes fonctions et activités qu’il a assurées, au CNRS comme au MNHN ou à l’Université de Rennes. C’est pourquoi nous publions ci-dessous le texte de l’hommage que trois d’entre nous lui ont rendu à l’occasion de son jubilé en janvier 2020. Personnalité brillante et attachante, Jean-Claude nous manquera.
Passer les frontières avec Jean-Claude Lefeuvre
Pour nous, le souvenir de Jean-Claude Lefeuvre est attaché à des mots comme « landes armoricaines », « marais de l’Ouest », « baie du Mont-Saint-Michel ». Derrière ces mots, combien de souvenirs, de fertiles discussions ! Derrière ces mots, c’est aussi une merveilleuse complicité au-delà des frontières – des frontières des disciplines, bien sûr –, qui s’ébrouait.
Mais derrière ces mots, ce sont aussi des combats (pour lui) au sein de l’écologie, où il a su convaincre les instances scientifiques que cette science pouvait avoir toute sa place pour mieux comprendre les paysages français cultivés et pâturés ; il ne faut pas oublier que jusqu’aux travaux de Jean-Claude, les écologues français ne devaient, pour l’essentiel, travailler que dans des milieux originels, dans le monde tropical, pour s’apercevoir, finalement, que ces milieux faisaient l’objet de pratiques diverses (exploitation forestière, feux de brousse, pâturage, etc.). Et plus personne ne met en doute aujourd’hui l’apport de l’écologie à la compréhension de l’histoire et des dynamiques des espaces ruraux et forestiers français.
Mais c’est aussi pour nous sa complicité dans des combats au sein des sciences sociales. Jean-Claude fut un allié précieux en raison de son aura personnelle et du respect qu’il tirait de la hauteur de vue que lui donnait sa grande culture scientifique. En raison aussi des responsabilités qui lui ont été données comme la présidence du comité « Écologie et gestion du patrimoine naturel » au ministère de l’Environnement. Autant d’opportunités de coopérer en s’appuyant sur les lieux où l’on pouvait respirer l’air de l’interdisciplinarité.
Nous avons partagé des victoires comme la mise en place des « Observatoires des changements écologiques, économiques et sociaux » au sein du Programme interdisciplinaire de recherches sur l’environnement (Piren). Nous avons aussi vécu ensemble les reculs qui ont succédé aux avancées. Et voici que les temps changent !
On peut imaginer ce qui se passe dans sa tête quand il lit ce qui s’écrit aujourd’hui sur les bocages. Une fierté d’avoir eu raison ? L’amertume d’avoir eu raison trop tôt ? Notez bien que nous ne prenons pas l’exemple du Mont-Saint-Michel, ni celui de la question de l’eau en Bretagne.
En tout cas, en ce qui nous concerne, nous sommes heureux d’avoir été à ses côtés en ces moments-là.
Pour ma part, puisque je suis déléguée par Marcel et Bernard pour lire ce texte et sa réception dans le regard de Jean-Claude, je suis fière d’avoir eu la chance de pouvoir prolonger jusqu’à aujourd’hui cette relation intellectuelle à l’occasion de programmes de recherche du Ladyss (Entre terre et mer) ou au sein de la section 7 de l’Académie d’agriculture de France. Mais cette fierté tient surtout à l’effort fait pour mettre en valeur la dimension profondément sensible et « humaine » de son approche écologique1 ainsi que sa volonté sans faille de réfléchir aux raisons personnelles et collectives qui forment le socle de l’engagement dans l’interdisciplinarité2, réflexion essentielle aujourd’hui pour les jeunes chercheurs pris entre leur désir d’interdisciplinarité pour produire des connaissances « soutenables3 » et les difficultés auxquelles ils se heurtent dans le contexte actuel de la recherche française.
C’est pourquoi nous sommes heureux de nous retrouver aujourd’hui, à ses côtés, dans cette cérémonie qui nous donne l’occasion de lui dire notre estime et de lui faire part de notre reconnaissance.
Nicole Mathieu, Bernard Hubert, Marcel Jollivet
Cf. le compte rendu de l’ouvrage La baie du Mont-Saint-Michel de J.-C. Lefeuvre (2008, Actes Sud), https://www.nonfiction.fr/article-1496-promenades-sur-le-rivage.htm.
Cf. le compte rendu de l’ouvrage Paroles de chercheurs. Environnement et interdisciplinarité de É. Brun, J.-F. Ponge, J.-C. Lefeuvre (2017, Quæ) publié dans NSS, https://www.nss-journal.org/articles/nss/full_html/2019/04/nss200001/nss200001.html#S7.
Citation de l’article : Mathieu N., Hubert B., Jollivet M., 2024. Hommage à Jean-Claude Lefeuvre, Nat. Sci. Soc. 32, 3, 389-390. https://doi.org/10.1051/nss/2025009
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