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Journal |
Nat. Sci. Soc.
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DOI | https://doi.org/10.1051/nss/2025017 | |
Published online | 05 May 2025 |
La contribution naturaliste en ligne. Analyse sociologique et géographique de la base de données Faune France
Online naturalist contributions. A sociological and geographic analysis of the Faune France database
1
Sociologie, CNRS, Centre Max Weber, Lyon, France
2
Géographie, Université Jean Monnet, UMR EVS, Saint-Étienne, France
3
Statistiques, CNRS, Centre Max Weber, Lyon, France
* Auteur correspondant : florian.charvolin@gmail.com
Reçu :
5
Février
2024
Accepté :
9
Octobre
2024
L’inventaire de la biodiversité s’est récemment développé au-delà du cercle des naturalistes. Grâce aux technologies numériques et à la généralisation de l’usage d’Internet, la participation au monitoring de la nature touche de plus en plus de monde. Cette contribution est envisagée à travers l’exemple de la base de données Faune France. L’analyse des données de la première année d’existence de Faune France, de mi 2017 à fin 2018, associée à un sondage de 1469 participantes et participants, fait ressortir des enseignements géographiques et sociologiques. L’effort d’observation des contributeurs et contributrices couvre tout le territoire national mais selon des modalités très différentes entre les experts, peu nombreux et très actifs, et les autres participantes et participants. Cela corrobore le rôle et la pratique singulière des professionnelles et professionnels de l’environnement dans l’alimentation de la base.
Abstract
Inventorying biodiversity has recently expanded beyond the relatively closed naturalist community. Thanks to the spread of digital technologies and the generalization of internet use, nature monitoring now concerns directly increasing numbers of people forming a mass who, though mostly strangers to each other, share a similar involvement in naturalistic activities through the internet. This online contribution has been investigated in a field study of ’Faune France’, the most important of all associative databases for faunistic taxa in France. We analysed the first operation year of the database from mid-2017 to end of 2018, and conducted a survey involving 1469 contributing persons. Our results consider both geographic and sociological dimensions. The observation effort was evaluated through investigations into territorial practices and sociodemographic profiling, based on an analysis of Faune France metadata. We conclude that the whole French territory is covered by observation records, but that these involve a diversity of recording practices from expert contributions to more casual engagement. The small community of experts (5%) contributes the most in terms of number and spatial distribution of data. This confirms the sociological profile noted in the survey singling out the role and practices of professionals of the environment in this citizen science. The case-study of Faune France is a first step in a social and geographical exploration of contributions in the wider field of French citizen sciences.
Mots clés : biodiversité / recherche / sciences participatives / géographie / sociologie
Key words: biodiversity / research / citizen science / geography / sociology
© F. Charvolin et al., Hosted by EDP Sciences
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
À l’heure où les agences environnementales publiques françaises, ciblées d’abord par une partie du monde paysan, font l’objet d’attaques qui se multiplient en associant dangereusement la question environnementale à la contrainte et à l’excès de régulation, il est bon de remettre en avant les enjeux de la participation citoyenne pour la conservation de la biodiversité. Cette participation citoyenne pour alimenter notamment des bases de données sur la biodiversité à l’échelle nationale n’est pas nouvelle et pourrait laisser croire, dans une certaine mesure, qu’elle a atteint ses limites. Cet article montre comment les nouveaux outils notamment les logiciels installés sur smartphone pourraient modifier profondément la pratique « d’alimentation » mais aussi la sociologie des « informateurs et informatrices » en élargissant les profils des naturalistes amateurs et avec elle l’ancrage spatial des informations. Ces transformations nous invitent à réfléchir à la nature et à la mouvance des données de biodiversité lorsqu’elles sont liées aux citoyens et citoyennes pour de nouvelles perspectives d’interprétation en faveur de la biodiversité.
La Rédaction
L’observation naturaliste réalisée par des bénévoles alimente massivement les inventaires ponctuels et le suivi continu des espèces, voire de la biodiversité en général dans des pays du Nord, qu’on pense à l’Angleterre (Manceron, 2015 ; 2022) ou à la France (Charvolin, 2019). Toutefois, cet apport de non-professionnels, c’est-à-dire de personnes qui ne sont pas payées pour récolter l’information est peu pris en compte par les instances internationales comme l’IPBES (l’Intergovernmental science/policy platform on biodiversity and ecosystem services), qui préfère réserver aux pays du Sud la question de l’intégration des savoirs non académiques en l’identifiant à la seule contribution des peuples indigènes1. Pourtant, des travaux relatifs aux indicateurs de la biodiversité en France montrent qu’un fort pourcentage des données récoltées vient des bénévoles (Levrel et al., 2010 ; Cooper et al., 2014). Il est donc urgent de braquer le projecteur sur ces naturalistes bénévoles méconnus internationalement, et notamment parce que, n’étant pas scientifiques, ils ne produiraient pas de données « suffisamment bonnes » (Gabrys et al., 2016).
Or le monde naturaliste dans les pays du Nord a connu une évolution importante, notamment depuis les années 1980 avec la montée en puissance des sciences participatives numériques (Charvolin et al., 2007 ; Strasser et al., 2019 ; Bonney et al., 2009). Ces sciences naturalistes qui s’appuient sur des applications pour smartphones et des portails internet, sont liées à des protocoles de recherche animés par des associations ou des laboratoires. Cette pratique de la collecte participative de données naturalistes gagne à être rapprochée d’un champ connexe de pratiques associées à la constitution très rapide des bases de données géographiques à partir des années 1990. Le recours au numérique marque en effet une visée de dépassement du seul vivier des amateurs naturalistes pour initier une science plus populaire ; typiquement, des personnes, sans forcément de relation de sociabilité entre elles, sortent dans la nature, et s’adonnent à l’observation des espèces, en prenant soin de rapporter leurs observations sur des portails internet ou des applications pour smartphones. Ce qu’elles ont en commun, c’est d’alimenter la même base de données. Ce mouvement se rapproche de l’émergence, en géographie, d’une exigence d’intégrer des non-spécialistes, usagers, habitants dans le processus de constitution de ces bases de données qui deviennent centrales dans la prise de décision locale à travers les Systèmes d’Information Géographique Participatifs (Sieber, 2006 ; Joliveau et al., 2013 ; Sieber et Haklay, 2015). Dans les années 2000, l’ouverture d’Internet à une interactivité accrue avec ses usagers, qu’on a appelé le Web 2.0, et l’apparition des premiers smartphones équipés de GPS permettent à des géographes non spécialistes de collecter des données directement par géolocalisation sur le terrain. Le projet OpenStreetMap2 (OSM) débute en 2005 et vise à créer une carte du monde libre de droit, fondée uniquement sur des contributions volontaires. OSM est devenu aujourd’hui, à l’instar de Wikipédia, l’exemple d’un système mondial et contributif de données ouvertes et libres. Avec la notion de volunteered geographical information [VGI] (Goodchild, 2007), ou information géographique « volontaire », s’ouvre tout un pan de recherche qui accompagne et analyse ce mouvement rapide, continu et général de la contribution à la description numérique de l’espace géographique.
Parallèlement à la démocratisation de la production géographique de la donnée, un des protocoles de collecte de données naturalistes français sort du lot par son ampleur. Il concerne tous les taxons de la faune, alors que les autres sont spécialisés par famille. Il s’agit de Faune France, une infrastructure de bases de données interconnectées née en 2017. En avril 2022, le nombre de données était de 104 millions. Il convient de signaler que cette infrastructure, initiée et gérée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), n’est pas une initiative de l’État, mais celle d’une trentaine d’associations naturalistes, ce qui mérite d’être signalé dans un contexte français3. Le caractère massif des données récoltées (Hochachka et al., 2012) distingue Faune France d’initiatives limitées à un taxon ou à une région (par exemple Opération papillons ou Biolit, pour n’en citer que deux) et fait de Faune France une véritable infrastructure parapluie et multiacteurs. Une personne qui veut participer à Faune France peut le faire avec l’application smartphone « NaturaList », qui permet de géolocaliser en temps réel son observation et d’envoyer l’information au gestionnaire du réseau, mais aussi par un dépôt sur des portails internet participatifs locaux (Faune Rhône, Faune PACA….) ou bien encore via Faune France national ou en se connectant sur le site internet consacré à la campagne ponctuelle annuelle d’observation des oiseaux dans les jardins (opération « oiseaux des jardins »). Cette dernière s’appuie sur les innovations techniques de la VGI (applications smartphones et web 2.0).
Faune France repose sur des standards (Millerand et Bowker, 2009, p. 278), et au premier chef l’assimilation des phénomènes perçus dans la nature à des spécimens répertoriés dans la classification par espèces, pratiquée depuis longtemps dans les inventaires naturalistes. Cette mise en relation entre occurrence in situ et classification ménage des points de friction lors de la saisie informatique ou sur smartphone. Ont été créés dès 2015 un Comité de pilotage (Copil) et un Cotech (Comité technique) pour réguler ces points de friction et gérer la base au quotidien, alors que la LPO nationale finance le poste et le bureau du permanent qui s’acquitte de la pérennisation de la base. Au-delà des tâtonnements qui ont été nécessaires pour la mise en place de l’architecture de cette infrastructure (Bowker et Star, 1999), notre article porte sur l’image contrastée qu’en donnent ses premiers utilisateurs et premières utilisatrices. Certains travaux sur la contribution aux sciences participatives portaient sur ces questions, soit en proposant une explication par les motivations (Jennett et al., 2016), soit en dressant des profils d’engagement (Millerand, 2018). Mais il a été noté que les études sur les sciences citoyennes sont souvent très descriptives (Turnhout et al., 2020).
Nous présentons ci-après une enquête de sciences humaines et sociales réunissant un sociologue, un géographe, une statisticienne, avec l’appui d’un géomaticien, qui vise à montrer une particularité de la base de données des signalements d’espèce sur Faune France qui peut être généralisable à d’autres bases de données numériques. Elle a été relevée par Manceron (2022) et reprend une remarque faite par Suchman (2007) à propos des relations d’assistance par des technologies numériques et informatiques. Les mêmes données de la base de Faune France peuvent être utilisées pour analyser la distribution des espèces et mieux connaître les personnes participantes. Autrement dit, l’information produite initialement pour cartographier la biodiversité vaut aussi de manière « dérivée » pour dresser la carte d’identité des naturalistes. C’est pour affiner ce couplage que nous avons monté une enquête en plusieurs temps. Notre étude, commencée en 2019, propose un traitement original de la base Faune France en couplant4 une analyse statistique des données de la première année de fonctionnement de la base et une enquête par questionnaire auprès de ses contributeurs et contributrices menée au tournant 2020. Nous avons réalisé une extraction de la base de Faune France5, des 12 millions d’observations, réalisées en 2017, année de lancement de la base, et en 2018, premières années disponibles au moment de notre enquête. Ces données ont fait l’objet de deux analyses. La première a porté sur une proposition de catégorisation des contributeurs et contributrices à partir de leurs observations. La seconde s’est centrée sur une analyse de la répartition dans l’espace de ces observations et de leurs auteurs et autrices6. Enfin, une enquête distribuée en ligne à 5 000 internautes, signaleurs et signaleuses de la base Faune France a reçu 1 469 réponses valides.
Si la LPO n’avait pas engagé une étude de ce genre auparavant, ce type d’usage dérivé des informations est bien connu par les promoteurs de Faune France quand ils parlent des « métadonnées ». En pratique, la distinction entre données et métadonnées est arbitraire. Faune France est d’abord une base sur le suivi des populations d’animaux, d’oiseaux et d’invertébrés et les données centrales portent sur les qualifications de l’espèce observée, la taxonomie et l’écologie de l’espèce. Mais il y a aussi des informations fondamentales pour l’analyse, telles que la distribution spatiotemporelle des observations7 ». Ces dernières servent à évaluer les biais dans la distribution géographique des sites les plus visités, à harmoniser les différents portails sur lesquels sont déposées les données dans Faune France, et à se faire une idée de la robustesse des données pour leur transfert vers des sites internationaux ou nationaux (DREAL…), ce qui semble classique dans le fonctionnement de ce type d’infrastructure (Edwards et al., 2011). Pour nous, la donnée dérivée révèle également une donnée sociale en soi : la connaissance des multiples positionnements des personnes qui signalent (localisation, durée de présence dans le programme, etc.) et des héritages qui se jouent dans cette activité. On peut comparer ces positionnements à d’autres bases géoréférencées. On sait, par exemple, que les contributeurs français à la base de données géographiques OSM sont dans leur grande majorité des hommes, plutôt jeunes et urbains, très diplômés et souvent professionnels du domaine (Duféal et al., 2016), ce qui avait été constaté à Londres dès 2010 (Haklay et Budhathoki, 2010). En va-t-il de même pour les contributeurs naturalistes ?
On l’aura compris, notre propos n’est pas de rapporter les manières dont les personnes observent, mais bien l’activité de signalement, c’est-à-dire une information sur l’observation limitée à celles et ceux des observateurs et observatrices qui déposent une donnée sur la base Faune France. Par le prisme du signalement, il s’agissait de mieux comprendre les multiples dimensions de la pression d’observation, c’est-à-dire les caractéristiques des observateurs, et la configuration spatiale de leurs pratiques, induisant par moments des biais, comme on le voit dans OSM où les espaces les plus riches et les plus peuplés ont tendance à être relativement plus renseignés (Herfort et al., 2023). Peut-on constater des disparités dans la distribution géographique des observations de Faune France ?
Nous allons aborder la question du signalement sur Faune France en analysant des types de contributeurs. Nous dresserons ensuite le profil sociologique des contributeurs et contributrices de Faune France avec la présentation des résultats d’une enquête par questionnaire en ligne. Nous rendons compte enfin des grandes caractéristiques de l’espace de l’observation.
Une typologie des contributeurs à partir de leurs observations
Les pratiques d’observation des contributeurs sont rendues par un ensemble de variables calculé à partir de leurs signalements en ligne et de données complémentaires. Cinq grands types de variables ont ainsi été constitués pour chaque contributeur (Tab. 1). Leur ancienneté d’inscription comme contributeur ou contributrice donne une indication de leur expérience. L’intensité et la régularité de leur pratique sont mesurées en nombre total d’observations et en fréquence par nombre de jours et de semaines. La temporalité des signalements est prise en compte en distinguant les saisons et les jours de la semaine. Les types d’espèces observés, leur rareté, ainsi que l’étendue géographique – le nombre de communes et de départements d’observation – sont également pris en compte.
L’ensemble de ces variables est soumis à une classification ascendante hiérarchique (CAH) qui permet de caractériser différents « profils » ou groupes de contributeurs et contributrices de Faune France selon leurs pratiques d’observations et de signalements en ligne (Tab. 2).
20 % des contributeurs réalisent à eux seuls plus de 90 % des signalements sur Faune France, ratio assez courant dans les systèmes de contribution participative (Nielsen, 2006). Ces contributeurs se retrouvent essentiellement dans deux groupes, le groupe C3 « Observateurs réguliers » (15 % des contributeurs et 27 % des signalements) et surtout le groupe C7 « Experts » (5 % des contributeurs – environ 1 100 personnes – et 64 % des signalements). Ces groupes se caractérisent par une activité de signalement ancienne et régulière, une diversité taxinomique des espèces observées et une zone géographique d’observation assez étendue. Le groupe des experts se distingue par une plus forte intensité de signalement et des observations à l’échelle de tout le territoire national.
Cela signifie que Faune France est alimentée par un groupe de personnes relativement restreint (environ 5 000 personnes), anciennement et intensément investi dans cette pratique participative et disposant a priori de solides connaissances naturalistes, eu égard à la diversité des espèces observées. L’intensité et la régularité de leur pratique de contribution laissent supposer qu’elle occupe une place importante dans leurs activités, fussent-elles de loisirs, liées à leurs études ou à leur activité professionnelle.
Les autres contributeurs (80 % des contributeurs mais seulement 9 % des observations) sont pour la plupart des pratiquants que l’on qualifiera d’« occasionnels » plus ou moins néophytes. Leurs pratiques de signalement permettent néanmoins de les différencier selon la saisonnalité, le lieu d’observation ou encore la variété des familles d’espèces observées (oiseaux, papillons, etc.).
Le groupe C5 que nous avons nommé « Observateurs oiseaux des jardins » regroupe le plus grand nombre d’individus, soit 37 % des contributeurs et contributrices. Il est lié à la campagne nationale « Oiseaux des jardins » organisée le dernier week-end de janvier. En effet, 98 % de leurs observations concernent des oiseaux, 35 % n’ont pas signalé d’observations en dehors de ce week-end et 23 % se sont également inscrits sur Faune France au cours de ces deux jours. 83 % disposent d’un compte sur le site Oiseaux des jardins8 contre 60 % en moyenne et 62 % de leurs observations sont localisées dans un jardin contre 6 % en moyenne. Deux autres groupes de contributeurs et contributrices occasionnelles (14 % des contributions chacun) sont également des observateurs et observatrices d’oiseaux (97 % de leurs observations). Ils se distinguent par la concentration de leurs observations sur une saison. 62 % pour le groupe C2 « Oiseaux au printemps » (29 % en moyenne) et 67 % pour le groupe C4 « Oiseaux à l’automne » (25 % en moyenne). Chacun de ces groupes partage une spécificité avec le groupe C5 « Oiseaux des jardins ». Le lieu d’observation « jardin » est largement surreprésenté (37 % contre 6 % en moyenne) parmi les observations du groupe C4 « Oiseaux d’automne », sans doute un effet de leur participation à la campagne « Oiseaux des jardins » d’hiver. Les contributions du groupe C2 « Oiseaux du printemps » sont pour près de la moitié d’entre elles des néocontributions (avec une inscription sur Faune France en 2018), mais ce sont sans doute l’expression de « faux et fausses » néophytes car 25 % de leurs observations sont réalisées dans le cadre de protocoles de suivi (suivi temporel des oiseaux communs…). Il s’agit plus probablement de « spécialistes » qui contribuent ponctuellement dans le cadre de leurs missions de suivi. Enfin, la moitié des observations des contributions du groupe C5 « Oiseaux des jardins » est réalisée en zone urbaine (contre 35 % seulement en moyenne), en particulier dans de grandes agglomérations. 32 % en banlieue et 18 % en ville-centre. On observe également une surreprésentation des observations en zone urbaine (45 %) pour le groupe C4 « Oiseaux d’automne ». On peut faire l’hypothèse que la campagne « Oiseaux des jardins » d’hiver touche en majorité des citadines et des citadins vivant à proximité de grandes villes.
Parmi les autres groupes de contributeurs « occasionnels », deux groupes se distinguent particulièrement. Le groupe C1 « Observateurs de papillons » (environ 15 % des contributeurs mais seulement 2 % des contributions) se distingue en effet par la diversité taxinomique de ses observations, avec notamment une proportion de papillons de jour nettement supérieure à la moyenne (23 % contre 6 %). Leurs observations sont également réalisées en majorité dans des communes rurales (62 % contre 54 % en moyenne) et à une altitude moyenne plus élevée (392 m contre 277 m pour l’ensemble des observations).
Le second groupe, le groupe C6 « Consigneurs de rareté » représente moins de 2 % des contributeurs. Les contributeurs de ce groupe ajoutent à une relative diversité taxinomique (15 % de mammifères contre 2 % en moyenne) un critère de rareté dans leur pratique de signalement (45 % des observations consignées par ce groupe concernent des espèces rares ou très rares, 70 % si on prend en compte les espèces peu fréquentes).
Variables utilisées pour construire la typologie.
Synthèse des groupes de contributeurs.
Les marqueurs sociaux de la contribution à Faune France
Un deuxième volet de l’enquête nous permet de préciser le profil sociodémographique des participants et participantes de Faune France et d’avoir une idée de leurs pratiques. Cette enquête9 effectuée par Internet nous a fourni des informations sur l’âge, le sexe, les professions et catégories socioprofessionnelles, les habitudes d’observation (seuls, en famille, etc.). Elle nous a permis de replacer la singularité du signalement sur Internet dans un contexte plus général. Elle nous a permis d’affiner la question du professionnalisme et de l’amateurisme dans le signalement naturaliste à Faune France.
Avec notre analyse de l’ensemble des signalements destinés à représenter l’état de la faune, ce que nous appelons la base pleine de Faune France, nous avons pu dériver des données secondes, relatives cette fois aux activités des observateurs. L’enquête rend compte, quant à elle, des activités déclarées. Autre différence, l’analyse de la base pleine contient tous les signalements et non pas un échantillon, alors que dans l’enquête effectuée par Internet, nous ne connaissons que les 1 469 réponses des personnes, contributeurs et contributrices, interrogées sur leur pratique. Le passage de 25 000 personnes à 1 469 dans l’échantillon suppose une réduction, potentiellement génératrice de biais, en dépit du redressement des données. Il faut notamment considérer la « bonne volonté » des classes moyennes, déjà soulignée par Bourdieu (1979) comme biais dans les réponses volontaires au questionnaire, ici accrue par la disponibilité en temps, qui peut survaloriser les retraitées et retraités, les personnes au foyer et les étudiantes et étudiants au détriment des autres catégories de population.
Les caractéristiques sociodémographiques générales
Une première caractéristique des contributeurs et contributrices de Faune France est d’être plus âgés que la moyenne de la population française. Les 61-70 ans sont les seules classes d’âge où les pourcentages diffèrent significativement de la population française. 15 % contre 7 % pour la classe des 61-65 ans, 12 % contre 5 % de plus pour celle des 66-71 ans. Par ailleurs, 62 % des contributeurs sont masculins contre 48 % dans la population française. Mais cette différence est essentiellement le fait de la tranche d’âge des plus de 55 ans, largement plus masculine parmi les membres de Faune France. 45 % des contributeurs et contributrices sont « inactifs ». femmes ou hommes au foyer, retraitées et retraités, personnes à la recherche d’un emploi. Ils ne sont que 53 % en activité professionnelle. Les classes populaires sont sous-représentées dans Faune France et l’on constate une part supérieure à la moyenne nationale des « cadres et professions intellectuelles supérieures ». Les personnes contribuant à Faune France sont aussi largement plus diplômées que la moyenne française surtout pour les niveaux d’études supérieurs ou égaux à Bac +2, qui concernent 73 % des contributeurs et contributrices, proportion beaucoup plus élevée que dans la société française. Ce tableau sociodémographique ne doit pas faire oublier que les participantes et les participants à Faune France se singularisent aussi comme des praticiens et praticiennes de longue date de l’observation naturaliste, quelle que soit la classe d’âge ou le niveau scolaire. Les contributeurs et contributrices observent pour 49 % depuis plus de 10 ans et seulement 3 % depuis moins d’un an. La jeunesse de la base de Faune France ne correspond pas à un engouement récent des personnes contributrices, mais vient fédérer des pratiques antérieures.
Professionnels et amateurs chez les contributeurs et contributrices de Faune France
Plusieurs questions permettent d’apprécier les liens entre la mention d’une pratique professionnelle liée à la nature et les activités d’observation des 1 469 répondantes et répondants. 33 % des observateurs déclarent exercer un métier en rapport avec l’environnement. Dans la liste des professions déclarées, on trouve des éducateurs et des éducatrices nature, des accompagnateurs et des accompagnatrices en moyenne montagne, chargés de mission (hommes et femmes) en environnement dans une association de protection de la nature ou dans un parc naturel régional... On note aussi l’importance des activités en rapport avec l’enseignement et la recherche (professeures et professeurs, instituteurs et institutrices). Il leur était également demandé de préciser dans quel cadre ils et elles effectuaient leurs observations, avec une possibilité de choix multiples. cadre des loisirs, cadre professionnel, en famille, en vacances, etc. La quasi-totalité des répondants (98 %) indiquent pratiquer dans le cadre de leurs loisirs, sans précision sur leur statut d’amateurs occasionnels ou chevronnés. Mais ils sont aussi presque 20 % à déclarer utiliser Faune France dans une démarche professionnelle (47 % pour les moins de 40 ans contre 19 % pour les 39-55 ans, et 7 % pour les 55 ans et plus). Enfin, 60 % déclarent utiliser la technique d’observation par liste, disposition « semi-structurée10 » recommandée par des structures d’animation des sciences participatives dans le domaine de la biodiversité comme Vigie Nature. Cela confirme le fait qu’elle est aussi un outil professionnel d’alimentation de la base et de consultation des données sur la faune.
Fort de cette description des contributrices et contributeurs, de leur possibilité de dégager du temps libre, de leur caractère très fortement diplômé, voire lié au monde de l’enseignement, à l’éducation et à la recherche, nous pouvons aborder plus frontalement la question des rapports entre amateurs et professionnels (hommes et femmes) dans l’activité de signalement volontaire sur Faune France. En croisant les 7 profils issus de la typologie des contributeurs et contributrices avec leur statut de professionnels ou d’amateurs, on constate sans surprise une surreprésentation de professionnelles et de professionnels dans le groupe des « experts » (C7) (38 % contre 15 % en moyenne). Les professionnels (hommes et femmes) sont également largement surreprésentés dans le groupe des observateurs et observatrices de rareté (C6) et dans le groupe « Observateurs et observatrices de papillons » (C1) (respectivement 50 % et 27 % contre 15 % en moyenne). Par contraste, les professionnelles et professionnels représentent seulement 6 % des observateurs et observatrices classés dans le groupe « Oiseaux des jardins » (C5). Il se dégage ainsi un profil de contribution effectivement singulier lié à une pratique professionnelle de l’observation dans Faune France.
Le choix de prendre en compte, dans la typologie, la diversité des taxons observés, est corroboré par les réponses des professionnelles et professionnels au questionnaire. Ils et elles sont plus nombreux que la moyenne à avoir une pratique de signalement effective qui ne se limite pas à l’observation des oiseaux, mais porte aussi sur les papillons, les mammifères ou les insectes. Par contraste, on peut se demander si l’observation exclusive des oiseaux n’est pas plus accessible au prime abord au néophyte, car facile à apprendre par rapport à la connaissance d’autres taxons comme les insectes plus difficiles à identifier. La structuration du milieu naturaliste est certainement aussi plus développée parmi les ornithologues amateurs, et il faut enfin noter que Faune France est fédéré par la LPO, groupement spécialisé dans l’ornithologie et dont les réseaux locaux sont nombreux et structurés.
La comparaison entre l’analyse de la base pleine et les réponses au sondage, réalisé sur la catégorie des personnes déclarant observer dans le cadre professionnel, montre une certaine congruence entre la typologie des observateurs (profils C1 à C7) et les réponses au questionnaire. elle confirme ce qu’on peut attendre intuitivement de l’orientation spécialisée, plus scientifique, des répondantes et répondants déclarant observer professionnellement.
Le territoire d’observation de Faune France
Après avoir caractérisé les contributeurs et contributrices, nous allons nous intéresser à la répartition dans l’espace des 12 millions de points d’observations, pour lesquels nous disposons de coordonnées géographiques. Il est évident que la gestion et la visualisation globales de tous ces points ne sont pas possibles. Il faut synthétiser l’information. Pour avoir une vue territoriale de la pratique d’observation, on regroupe les observations par mailles carrées à quatre niveaux de granularité : 1 km2, 4 km2, 16 km2, 64 km2 afin d’obtenir une représentation géographique du phénomène à différentes échelles. La constitution d’un système d’information géographique permet de varier les échelles et les niveaux de zoom et de naviguer dans les données. Nous présentons quelques exemples de cette visualisation territoriale.
Une observation à grain fin (1 km2)
Dans la figure 1 par maille de 1 km2, l’intensité de l’effort d’observation n’est pas signalée. Il suffit d’une observation dans une maille pour que celle-ci soit marquée comme observée. Le premier élément que l’on note est la variation régionale de cette observation. Alors que certaines régions sont presque complètement couvertes, d’autres le sont de manière très lâche. C’est un artefact de l’intégration progressive des données des portails régionaux dans la base Faune France. Certaines organisations locales qui ont collecté des données naturalistes en 2017-2018 n’ont pas fait remonter leurs données dans Faune France, ce qui produit les taches claires. Par exemple, il n’y a pas de base Biolovision locale en région Centre et Hauts-de-France et le partenariat avec la Normandie est encore tout récent ; il en va de même pour les départements de la Saône-et-Loire et du Gers. Mais on voit bien que dans ces zones, une partie des observations est intégrée dans Faune France en dehors des portails locaux. Il s’agit vraisemblablement de personnes qui utilisent directement l’application en ligne et ne passent pas par ces portails locaux. Si l’on regarde bien, ces observations dessinent parfaitement le réseau des voies de communication principales. Une analyse plus fine montre que ces mailles observées hors portail le sont uniquement par des contributions de type C7, les contributeurs et contributrices que l’on a qualifiés d’experts qui se déplacent loin, vite et souvent.
Les lacunes géographiques de Faune France an 2018 rendent impossible une analyse complète des logiques spatiales d’observation au niveau national. On ne peut en effet reconstituer l’effort d’observation qui se trouve répertorié dans des portails non connectés à Faune France. En revanche, on peut considérer que dans les autres zones, nous avons une bonne vue de cet effort d’observation. Nous avons donc décidé de limiter notre analyse aux mailles géographiques dans lesquelles les données d’observation collectées sont censées être exhaustives. Nous avons choisi de les présenter sur des mailles de taille de 8 km2, bien adaptées à cette échelle de visualisation.
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Fig. 1 Les mailles de 1 km2 portant au moins une observation. |
Les logiques spatiales d’observation
Nous avons calculé différents indicateurs. l’intensité d’observation (en nombre d’observations et nombre de contributeurs et contributrices), le type d’observation (nombre de groupes taxinomiques, nombre d’espèces différentes), les rythmes et moments d’observation. week-end, vacances, saisons…, les types de contribution à partir de la typologie sociologique… Nous en présentons cinq à titre d’exemple.
Une mesure simple de l’intensité d’observation est le nombre d’observation par maille.
On voit sur la figure 2 que cette intensité est très variable, de 1 à plus de 73 000 observations pour 64 km2. La moyenne est de 1 575 observations dans une maille, mais le nombre de mailles très observées est faible. 167 mailles sur 7 339 ont plus de 10 000 observations, soit 2,2 % des mailles, qui regroupent quand même à elles seules un quart des observations. L’observation Faune France se fait donc partout sur le territoire avec des régions privilégiées (Vendée, Alsace, Rhône-Alpes) et des points de forte concentration. Les zones un peu plus observées sont les zones urbaines, les littoraux et certains espaces plus ruraux.
La figure 3 représente un autre indicateur de densité, celui du nombre de contributeurs et contributrices uniques, toujours par maille, sans distinguer l’intensité de la contribution de chacun. Certaines et certains peuvent n’y avoir fait qu’une seule observation et d’autres plusieurs dizaines. La carte pourrait donc mettre en évidence les zones privilégiées par les personnes pour observer. La répartition spatiale est un peu la même que la précédente, avec une accentuation des zones les plus peuplées, qui constituent visiblement un fort réservoir de contribution.
Comme nous disposons de l’information sur la commune d’habitation du contributeur ou de la contributrice, nous pouvons calculer pour chaque observation la distance de sa localisation à la commune de résidence (Fig. 4). La figure 4 présente la moyenne par maille de cet indicateur. En moyenne, les observations d’une maille se font à 108 km de la résidence du contributeur ou de la contributrice qui est une portée moyenne de l’observation assez considérable. Évidemment, les mailles où la distance est la plus élevée se trouvent aux limites du territoire, de la pointe de la Bretagne, aux Alpes et aux Pyrénées, l’éloignement de la Corse lui attribuant des valeurs records. On repère, bien sûr, en creux les zones urbanisées, caractérisées par une distance moyenne entre le contributeur et son observation autour de 25 km.
Comme indicateur temporel, nous avons choisi le nombre total de jours dans l’année où la maille est observée, ce qui permet d’évaluer la répartition dans l’espace de la régularité de l’effort d’observation (Fig. 5). En moyenne, une maille est observée 100 jours dans l’année. Il s’agit logiquement des mailles les plus observées de la figure 3, sur le littoral et non loin des centres urbains. Mais certaines mailles à l’intensité d’observation plus faible sont visitées plus de 200 jours par an.
Le dernier indicateur mesure le poids sur le territoire des contributeurs et contributrices de type C7, les plus experts et les plus mobiles. On a calculé par maille la proportion de leurs observations sur le total des observations faites dans la maille. En moyenne, les utilisateurs C7 réalisent la moitié des observations d’une maille, ce qui montre l’importance de ce type de contribution. On constate dans la figure 6 que leur prédominance est quasi générale, avec quelques aires de présence plus faible, au centre de la Bretagne, ou du Massif central, dans la Drôme et en Ardèche. Si Faune France est orientée grand public, l’effort d’observation semble en 2018 largement porté par des experts et des spécialistes.
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Fig. 2 Nombre d’observations par mailles 8 × 8 km. |
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Fig. 3 Nombre de contributrices et contributeurs uniques par maille de 8 km2. |
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Fig. 4 Distance moyenne entre le lieu de l’observation et la commune de résidence par maille de 8 km2. |
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Fig. 5 Nombre de jours d’observation dans l’année par maille de 8 km2. |
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Fig. 6 Part des observations des utilisatrices et utilisateurs de type C7 dans le total des observations par maille 8 x 8 km. |
Quelques éléments de synthèse
Dans l’attente d’une analyse statistique plus approfondie et de zooms sur des situations régionales spécifiques, par exemple la région Rhône-Alpes, il est possible de tirer de ces indicateurs quelques enseignements généraux. D’abord les zones blanches constatées en 2017-2018 s’expliquent par des raisons organisationnelles liées à un fonctionnement fédératif des portails naturalistes. Des portails absents ont depuis été intégrés et la couverture est devenue plus continue. Mais on mesure combien l’adoption d’une base de données commune, appuyée sur une application smartphone, bouleverse des pratiques de signalement organisées originellement sous forme d’associations regroupées par département puis par région. Le caractère local des relations de sociabilité dans lesquelles étaient traditionnellement échangées les informations pour construire le savoir naturaliste avait été souligné lorsqu’il a été une première fois question de bousculer cette organisation et de centraliser les données par l’État avec la création du Système d’information sur la nature et le paysage (SINP) (Alphandéry et Fortier, 2011). Dans les années 2000, période étudiée par Alphandéry et Fortier, des solutions sont aussi cherchées, par exemple par la LPO qui s’associe à des clubs ornithologiques locaux en les franchisant, pour assurer une interopérabilisation des données et des signalements sans corrompre cette organisation locale. Aussi, l’homogénéité cartographique apparente de Faune France ne doit pas tromper. Le phénomène de documentation naturaliste continue à prendre des formes variées en fonction de traditions organisationnelles locales. Les portails locaux peuvent décider de faire remonter ou non des données en fonction de priorités ou de stratégies de chaque association.
Une fois corrigé cet effet portail, on constate que quasiment aucune zone du territoire n’échappe à l’observation. L’effort d’observation de la faune est cependant très variable selon les endroits sans qu’il soit aisé d’expliquer les logiques spatiales à l’œuvre. D’abord, un élément de référence, la densité potentielle de faune observable, nous fait défaut. L’hypothèse de base dans un processus d’observation est que celle-ci est corrélée avec la présence du phénomène. Mais il faut se prémunir du biais de la clé qu’on cherche à la lumière du réverbère. En effet, il pourrait y avoir une causalité inverse. La faune serait plus présente là où on va l’observer. C’est tout le travail d’interprétation des naturalistes, qui produisent par traitement statistique des données brutes et en fonction de leurs connaissances des indicateurs fiables de présence et d’évolution, espèce par espèce. Or nos cartes agrègent tous les taxons et tous les contributeurs, mélangeant allègrement l’observateur occasionnel d’une mésange dans son jardin et le spécialiste pointu de coléoptères. On constate, assez logiquement, que les observations se font en général dans les zones où les observateurs et observatrices sont les plus nombreux, soit à leur domicile et l’on voit alors apparaître les zones urbaines, les plus peuplées, soit dans les zones de vacances, qu’il s’agisse du littoral ou de la montagne.
Mais la densité d’observation dépend aussi de la plus ou moins grande capacité de déplacement des participantes et des participants. On peut imaginer que certains vont compléter les observations dans des endroits isolés des lieux de peuplement où la faune est riche. Nos cartes suggèrent qu’au-delà de l’importance numérique des observations des contributrices et contributeurs experts, ceux-ci contribuent fortement à équilibrer l’effort sur l’ensemble du territoire. Il s’agit là d’un enjeu important. L’ouverture de la contribution naturaliste au grand public peut apparaître comme un élargissement par le nombre de la couverture spatiale de l’observation naturaliste. Cela nécessiterait une analyse des évolutions, impossible sur la période trop limitée de l’étude. Goodchild (2007) dans son article sur la VGI recommandait de ne pas opposer profanes et experts mais de s’intéresser aux manières dont ils collaborent.
Là encore, le rapprochement avec la base de données géographiques OSM est éclairant. Duféal et al. (2016) ont montré que près de 30 % des contributrices et contributeurs français étaient détenteurs d’un diplôme de géomatique11 et pouvaient être considérés comme des professionnels. Par ailleurs, des agences étatiques et des collectivités locales ont ouvert leurs données, que des participantes et participants isolés ont versées par lots dans la base. Par exemple, la grande majorité des arbres urbains français sur OSM n’ont pas été saisis un par un par des contributeurs isolés. Ils sont souvent issus des bases de données des services spécialisés des collectivités, importés d’un coup par des « super-utilisateurs ». Des collaborations entre professionnels et « amateurs » se développent comme en témoignent, par exemple, la coopération entre les équipes de Transilien et de OSM sur les gares d’Île-de-France avec OSM ou le rapprochement récent de l’Institut géographique national (IGN) avec OSM. Depuis quelques années, des entreprises privées, par exemple Michelin pour sa cartographie (Hayat, 2019), ont intégré les données d’OSM dans leur processus productif. De plus en plus de grandes entreprises privées comme Facebook, Apple ou Microsoft contribuent aussi à OSM pour assurer leur propre service cartographique en concurrence avec Google. Le contexte est différent pour Faune France, même si les données naturalistes produites par les contributeurs et contributrices sont devenues un enjeu de négociation entre associations, bureaux d’études et administration. La contribution volontaire individuelle naturaliste comme celle de la VGI s’intègre et s’organise toujours dans un contexte organisationnel et institutionnel spécifique qu’il faut prendre en compte et analyser.
Conclusion
C’est dans un contexte d’évolution potentielle du naturalisme avec l’introduction de la contribution en ligne que prend place l’étude que nous avons menée. Le constat d’une rationalisation des informations collectées par les naturalistes avait déjà été diagnostiqué en 2010 par Alphandéry et Fortier (2011), au moment où on commençait à parler de « données » comme d’une nouvelle unité de compte et de formatage implicite du savoir naturaliste. Depuis, cette évolution tendancielle en 2010 s’est intensifiée de manière exponentielle au niveau national et international avec ce que Kitchin (2014) a appelé la « révolution des données ».
Dans Faune France cohabitent des portails liés à des associations naturalistes traditionnelles, celles étudiées par Alphandéry et Fortier, et un portail national et une application Smartphone. Il n’est plus question en 2020 de parler de manière critique et nostalgique de rationalisation des savoirs naturalistes par rapport à une pratique où ils pourraient être encore non standardisés, chauds, relationnels, etc.
Le recours massif à l’application NaturaList dans Faune France laisse voir de nouvelles pratiques qui distendent le rapport entre lieu du signalement et territoire d’expertise des associations à qui on signale les observations. Ce désencastrement critiqué par Alphandéry et Fortier (2011) comme un effet de désenchantement de la production de savoir naturaliste introduit à d’autres types de sociabilités, qu’on pourrait appeler aussi conviviales, même si elles se font à distance. On peut se demander si le fait de confier ses observations à un autrui inconnu, hors cadre de relations d’interconnaissance locale, n’est pas un signe fort de sentiment d’obligation, qui induit l’observateur à ne pas garder pour lui la contemplation de la nature, en le rendant redevable envers autrui de ce que lui transmet le contact avec la faune (Charvolin, 2022).
L’analyse géographique des données de Faune France nous suggère également une autre conclusion. Maintenant que le pli est pris d’un militantisme de la donnée (Kimura et Kinchy, 2019), Faune France représente une base de connaissance précieuse de la distribution spatiale des pratiques. La connaissance fine de cette répartition pourrait amener la gouvernance de la base à orienter différemment la mobilisation des amateurs et des bénévoles, et à rendre le savoir naturaliste plus lié à ce qu’on peut appeler l’effort de recherche ou la pression d’observation sur le territoire national. Cette nouvelle orientation vers plus de rigueur et d’homogénéité dans la collecte et l’analyse des données, que rend plus objectivable notre analyse, va de pair avec une autre évolution notable de ce militantisme des données.
Nous avons montré que Faune France avait beau relever de la science participative, un rôle particulier était dévolu aux professionnels de la nature. Les associations naturalistes françaises, des sociétés linnéennes à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui gère le site de Faune France, connaissent en partie dans les années 2000 un tournant vers la professionnalisation. Nathalie Berny (2019) a bien montré comment le contexte des années 2000 et aussi l’appel d’air qu’a représenté le Grenelle de l’environnement ont contribué à faire sortir les grandes associations naturalistes, comme la LPO, d’une position de militantisme critique et sectoriel. Cette évolution se caractérise par une modification de l’équilibre entre bénévoles et salariés dans l’association. Il faut donc considérer la contribution en ligne comme une nouvelle activité sociospatiale qui traduit des évolutions dans les formes d’observation et de rapport à la nature, et une reconfiguration de la nébuleuse entre bénévoles et professionnels qui caractérise désormais le monde naturaliste français.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier chaleureusement Philippe Jourde, gestionnaire de la base Faune France à la Ligue pour la protection des oiseaux, pour sa réactivité et sa disponibilité face à nos demandes nombreuses. Nous remercions également Laurent Couzi qui a été à l’initiative de cette enquête. Nous tenons enfin à remercier Axel Fourneyron pour son travail qui a permis de mettre en cartes les données de la base et pour ses analyses judicieuses.
Annexe 1 Résultats
Classes | nb. cpt | nb FF | anc insc | nb tax | int.act | prop. ois | nb week |
prop. we | prop. hiv | prop. |
prop.été | prop. aut | nb com | nb dep | nb esp | prop rar | Fréq sortie |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
C1 | 3,2 | 50,7 | 2,2 | 2,2 | 3,6 | 54,6 | 5,5 | 29,2 | 4,9 | 14,6 | 68,7 | 11,8 | 4,9 | 1,5 | 16,8 | 0,9 | 11,6 |
C2 | 3,1 | 98,6 | 2,2 | 1,5 | 10,1 | 95,7 | 4,2 | 44,5 | 6,8 | 83,1 | 5,3 | 4,8 | 3,7 | 1,3 | 17,8 | 0,2 | 15,0 |
C3 | 7,0 | 880,8 | 5,1 | 4,7 | 7,6 | 83,8 | 39,1 | 37,4 | 19,6 | 32,2 | 25,4 | 22,8 | 28,6 | 3,6 | 111,1 | 1,6 | 10,4 |
C4 | 3,1 | 30,5 | 2,4 | 1,4 | 4,4 | 95,3 | 4,2 | 39,4 | 12,3 | 6,2 | 10,8 | 70,6 | 2,9 | 1,3 | 13,0 | 0,3 | 37,8 |
C5 | 3,0 | 45,2 | 1,9 | 1,4 | 7,5 | 97,5 | 4,7 | 64,0 | 83,4 | 5,9 | 4,1 | 6,6 | 2,2 | 1,2 | 15,1 | 0,3 | 10,8 |
C6 | 3,8 | 5,5 | 3,2 | 1,5 | 1,5 | 55,5 | 2,9 | 33,7 | 13,4 | 27,6 | 31,3 | 27,6 | 2,7 | 1,4 | 4,0 | 59,6 | 29,3 |
C7 | 17,8 | 6539,5 | 6,5 | 6,6 | 21,0 | 84,5 | 67,1 | 37,0 | 17,7 | 30,3 | 28,0 | 24,0 | 140,9 | 13,5 | 295,4 | 3,7 | 3,3 |
Moyenne | 4,3 | 479,3 | 2,8 | 2,3 | 7,4 | 87,3 | 12,7 | 47,2 | 38,0 | 23,0 | 19,4 | 19,5 | 13,3 | 2,2 | 42,6 | 1,6 | 15,1 |
Labels variables
Labels | |
---|---|
nb. cpt | nombre de comptes |
nb FF | nombre d’observations sur Faune France |
anc insc | ancienneté de l’inscription |
nb tax | nombre de taxons |
int act | intensité de l’activité |
Prop ois | proportion d’oiseaux |
nb week | nombre de semaines/an |
prop we | proportion d’observations réalisées le week-end |
prop hiv | proportion d’observations réalisées en hiver |
prop print | proportion d’observations réalisées au printemps |
prop été | proportion d’observations réalisées en été |
prop aut | proportion d’observations réalisées en automne |
nb com | nombre de communes concernées |
nb dep | nombre de départements |
nb esp | nombre d’espèces |
prop rar | proportion d’espèces rares |
fréq sortie | fréquence de sortie |
Références
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Ou, lorsque des savoirs non académiques du Nord sont inclus, donne lieu à des situations cocasses de définition d’un porte-parole scientifique pour témoigner pour des personnes présumées incapables de le faire seules, comme dans le cas des paysans du réseau semences paysannes dans l’analyse qu’en fait Demeulenaere (2019).
Le projet « Sociologie des observateurs de Faune France territorialisé » (SOFT), dont est issu cet article, s’inscrit dans ce tournant vers les sciences humaines et sociales des infrastructures de sciences participatives de la biodiversité, qui associe des questions soulevées par la LPO (dont Florian Charvolin était membre du conseil scientifique) et des questions de recherche sur la pratique et les variables explicatives du comportement des bénévoles de Faune France. SOFT a été financé par la MSH Lyon Saint-Étienne et par la LPO.
Notre recherche a commencé par des entretiens de Florian Charvolin avec les 8 personnes du Comité technique de Faune France autour de l’histoire de la base de données qu’ils racontent en fonction de l’activité des associations locales ou régionales dont ils sont les porteurs pour administrer Faune France. Cela a été complété par un entretien avec Gaëtan Delaloye, le promoteur de la solution technique qui est le support de Faune France, et le lanceur de « NaturaList », l’application smartphone qui lui est dédiée. L’analyse de l’architecture de la base et de sa mise en place fait l’objet d’un autre travail qui sera publié en 2025 dans un ouvrage collectif.
Les données Faune France sont organisées en deux bases. Au 31 décembre 2018, la première contient plus de 12 millions d’observations collectées avec 75 champs de variables descriptives. Les observations concernent près de 4 000 espèces dans plus de 4 millions de lieux différents et ont été effectuées entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2018. La seconde contient plus de 88 000 contributeurs et contributrices anonymisés. Parmi ces derniers, seulement 25 000 (29 %) ont saisi au moins une observation dans la base des observations 2017-2018. Ce sont ces contributeurs et contributrices considérés comme « actifs » qui font l’objet de l’analyse.
Pour réaliser notre enquête par questionnaire auprès des participantes et participants à Faune France, nous avons tiré un échantillon aléatoire de 5 000 personnes sur les 25 182 contributeurs et contributrices actifs de Faune France en 2018, en prenant en compte le type de contribution (moins de 100 observations signalées, entre 100 et 1000 observations et plus de 1 000). 1 469 personnes ont répondu soit un taux de réponse de 29,4 %. Une variable de pondération a été calculée pour redresser les réponses selon le type de contribution selon la méthode du calage sur marges. Les données sont donc ainsi représentatives de l’ensemble de la population des contributeurs et contributrices en 2018.
Les observations semi-structurées consistent à se conformer à un protocole fixe mais pas trop contraignant. Elles s’opposent aux observations dites « opportunistes » qui sont réalisées librement sans cadre protocolaire, ou aux observations structurées, qui sont le fait de protocoles professionnels très contraignants.
Citation de l’article : Charvolin F., Joliveau T., Pietropaoli K., 2024. La contribution naturaliste en ligne. Analyse sociologique et géographique de la base de données Faune France. Nat. Sci. Soc., https://doi.org/10.1051/nss/2025017
Liste des tableaux
Liste des figures
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Fig. 1 Les mailles de 1 km2 portant au moins une observation. |
Dans le texte |
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Fig. 2 Nombre d’observations par mailles 8 × 8 km. |
Dans le texte |
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Fig. 3 Nombre de contributrices et contributeurs uniques par maille de 8 km2. |
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Fig. 4 Distance moyenne entre le lieu de l’observation et la commune de résidence par maille de 8 km2. |
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Fig. 5 Nombre de jours d’observation dans l’année par maille de 8 km2. |
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Fig. 6 Part des observations des utilisatrices et utilisateurs de type C7 dans le total des observations par maille 8 x 8 km. |
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