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Nat. Sci. Soc.
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Section | Vie de la recherche – Research news | |
DOI | https://doi.org/10.1051/nss/2025010 | |
Published online | 04 April 2025 |
Articuler environnement et développement au XXIe siècle : les nouveaux défis de l’écodéveloppement
Articulating environment and development in the 21st century: the new challenges of ecodevelopment
1
Économie, EHESS, UMR CIRED, Nogent-sur-Marne, France
2
Socio-économie, CNRS, UMR CIRED, Nogent-sur-Marne, France
3
Économie, CNRS, UMR CIRED, Nogent-sur-Marne, France
4
Socio-économie, CNRS, UMR CIRED, Nogent-sur-Marne, France
* Auteur correspondant : antoine.missemer@cnrs.fr
La notion d’écodéveloppement a été promue par Ignacy Sachs dans les années 1970 comme troisième voie entre expansion économique sans limite et renoncement généralisé à la croissance. À l’occasion de son 50e anniversaire, le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), fondé par I. Sachs en 1973, a organisé un colloque international à Paris les 30 et 31 mars 2023 sur l’avenir de l’écodéveloppement, et plus largement sur l’articulation environnement-développement au XXIe siècle. Cet article revient sur les principaux enseignements de ce colloque, autour de quatre thèmes : (i) la mise en œuvre des politiques environnementales ; (ii) l’articulation des temporalités de court terme et de long terme ; (iii) la coopération Nord-Sud ; et (iv) la redéfinition des besoins et du bien-être via les notions de capabilité et de sobriété.
Abstract
In the 1970s, Ignacy Sachs promoted the notion of ecodevelopment as a third way between infinite economic expansion and no-growth policies. To celebrate its 50th anniversary, The Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), founded by I. Sachs in 1973, organized an international symposium in Paris on March 30-31, 2023, to discuss the future of ecodevelopment, and more broadly the environment-development nexus in the 21st century. This article reviews the main take-aways of that symposium, around four main topics: (i) the implementation of environmental policies; (ii) the short-run/long-run combination; (iii) the North-South cooperation; and (iv) the redefinition of needs and well-being via the concepts of capability and sufficiency.
Mots clés : écodéveloppement / soutenabilité / politiques environnementales / coopération internationale / sobriété
Key words: ecodevelopment / sustainability / environmental policy / international cooperation / sufficiency
On trouvera des textes d’hommage à Ignacy Sachs sur le site du Cired – notamment, celui de Jean-Charles Hourcade, https://www.centre-cired.fr/wp-content/uploads/2023/08/Hommge-Ignacy-Sachs-JCH.pdf. On se permet aussi de renvoyer à l’entretien entre I. Sachs et J. Weber publié dans NSS en 1994 : Sachs I., Weber J., 1994. Environnement, développement, marché : pour une économie anthropologique. Un entretien avec Ignacy Sachs, Natures Sciences Sociétés, 2, 3, 258-265, https://doi.org/10.1051/nss/19940203258.
© C. Boemare et al., Hosted by EDP Sciences
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
En 2023, quelques mois avant le décès d’Ignacy Sachs1, le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) a fêté ses cinquante ans d’existence en éditant un recueil de ses textes fondateurs et en organisant un colloque. NSS a tenu à s’en faire l’écho. On trouvera, dans la rubrique « Ouvrages en débat », une recension de Catherine Figuière, qui est une spécialiste de l’écodéveloppement, du recueil des textes du Cired édité par Antonin Pottier2. On trouvera ci-dessous le compte rendu du colloque rédigé par ses organisateurs. NSS a aussi proposé à Jacques Theys, qui était intervenu dans le cadre d’une des tables rondes de ce colloque, de reprendre sa communication afin qu’elle puisse être publiée dans nos colonnes. Ce texte, que les lecteurs trouveront à la suite de celui-ci, apporte des éclairages complémentaires sur le rôle joué par le Cired et offre une mise en perspective des recherches qui y ont été menées.
La Rédaction
Introduction
La notion d’écodéveloppement est certainement moins connue que celle de développement durable3. Elle l’a pourtant précédée et a connu un succès significatif dans les années 1970 et 1980, sous l’impulsion du premier directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Maurice Strong, et avec le soutien d’un économiste iconoclaste, Ignacy Sachs, alors directeur d’études à l’École pratique des hautes études, VIe section, et fondateur en 1973 du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired4).
L’écodéveloppement a participé d’une remise en cause de la croissance matérielle érigée en priorité pendant les Trente Glorieuses. Il s’est rapidement constitué en troisième voie entre, d’un côté, une croissance débridée aux conséquences sociales et environnementales désastreuses et, d’un autre côté, une croissance zéro réclamée par certains dans les pays les plus riches, comme l’illustre le rapport Meadows et al. (1972). Prêtant une attention significative aux pays du Sud global, qualifiés à l’époque de tiers-monde, l’écodéveloppement considérait trois dimensions-clés des trajectoires de développement : (1) les structures de consommation ; (2) les modèles techniques ; et (3) la localisation des activités ; auxquelles s’ajoutaient une réflexion sur l’équité sociale et une attention forte à la soutenabilité écologique desdites trajectoires. Il mettait ce faisant l’accent sur le développement dit endogène, c’est-à-dire défini par les acteurs eux-mêmes, de façon autonome, et répondant à des besoins sociaux en harmonie avec un contexte environnemental donné. Les notions de besoins essentiels et de prudence écologique, pour éviter toute catastrophe, étaient également discutées (voir l’ouvrage coordonné par Antonin Pottier [2023] à l’occasion du colloque anniversaire du Cired, contenant plusieurs textes originaux sur l’écodéveloppement5).
Soutenue par M. Strong et, plus largement, par des bailleurs internationaux importants, l’équipe de I. Sachs a pu mener de nombreux travaux sous la bannière de l’écodéveloppement jusqu’au début des années 1980 (Cassen et Missemer, 2020). Peu à peu toutefois, des voix critiques se sont fait entendre, au prétexte que l’écodéveloppement consacrait une vision trop tiers-mondiste du développement, remettant en cause les acquis des pays du Nord global et en particulier leurs styles de développement reposant sur un accroissement des besoins de façon à alimenter la croissance. Le remplacement de la notion d’écodéveloppement par celle de développement durable (Brundtland, 1987), plus consensuelle mais aussi moins ambitieuse dans les questionnements adressés à la croissance économique et financière, en particulier des pays du Nord global, n’a pas tardé à s’opérer, aux Nations unies et ailleurs (Vivien, 2003 ; Berr, 2013 ; Figuière et Metereau, 2021).
Au Cired même, l’écodéveloppement a, en apparence, été mis en sommeil, en particulier dans les années 1990 et 2000, en raison d’un contexte politique moins favorable et du succès, y compris scientifique, des notions de développement durable et de soutenabilité. À y regarder de plus près, la façon dont le Cired a poursuivi ses travaux sur les questions d’énergie, de climat, d’agriculture et, plus récemment, de biodiversité semble néanmoins encore inspirée – parfois sans le savoir – par l’écodéveloppement. En témoigne une attention marquée pour les pays du Sud global (coopérations avec l’Amérique latine, réseau de modélisation IMACLIM-pays, trajectoires agro-écologiques en Inde, etc.) ainsi qu’une prise en compte des enjeux spatiaux et des contingences culturelles, à partir d’une philosophie du « penser local pour agir global ».
Le fait que l’écodéveloppement ait resurgi dans les rapports d’évaluation du laboratoire de la fin des années 2010 témoigne à la fois d’un contexte plus propice – les styles de développement des pays du Nord global ne sont plus autant non négociables que par le passé face à l’ampleur de la crise écologique – et d’une affirmation plus forte d’une identité intellectuelle singulière.
C’est donc sans surprise que le Cired a choisi la notion d’écodéveloppement et, plus largement, l’articulation environnement-développement, comme thématique centrale du colloque célébrant son cinquantième anniversaire, tenu sur le campus Condorcet, à Paris, les 30 et 31 mars 2023. Cette manifestation a réuni plus de 250 participants internationaux lors de quatre sessions plénières et huit sessions thématiques.
Deux conférenciers invités, Narasimha D. Rao (Yale University) et Julie Rozenberg (Banque mondiale), ont animé deux plénières. Les deux autres ont été organisées en deux tables rondes, l’une rétrospective sur l’histoire du Cired et son positionnement dans l’expertise publique, l’autre prospective sur l’avenir de l’articulation environnement-développement. Jim Skea, élu depuis président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), est intervenu à distance dans cette dernière.
Les sessions thématiques portaient, quant à elles, sur des déclinaisons de l’articulation environnement-développement dans différents domaines de l’économie et de l’action publique : alimentation, usage des terres et systèmes agricoles ; action climatique en milieu urbain ; enjeux de justice climatique à l’échelle globale ; sobriété énergétique ; biodiversité ; militantisme dans la recherche ; territoires comme espaces d’innovation ; et politiques climatiques à l’échelle nationale6.
Les échanges ont mis en évidence un certain nombre d’enjeux de recherche pour mieux comprendre l’articulation environnement-développement au XXIe siècle et, en corollaire, pour produire un aggiornamento de la notion d’écodéveloppement. L’objectif de cet article est de restituer les principales lignes de force discutées lors de ce colloque ainsi que les lignes programmatiques qui en sont ressorties.
Quatre grands thèmes transverses ont émergé des discussions : (1) la mise en œuvre concrète des politiques environnementales et de développement ; (2) l’articulation des temporalités (court terme, moyen terme, long terme) ; (3) la coopération Nord-Sud ; et (4) la redéfinition des besoins et du bien-être via les notions de capabilité et de sobriété.
La mise en œuvre des politiques
En raison de la portée globale de nombreuses problématiques environnementales, l’échelle pertinente d’analyse et de négociation semble sans équivoque mondiale. Le sommet de Rio en 1992, les rapports du Giec et, plus récemment, de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (en anglais : Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) en témoignent.
Le colloque a toutefois rappelé que ces problématiques se manifestent sous des formes concrètes à une échelle souvent locale : catastrophes naturelles, disparitions d’espèces, pollutions chimiques, etc. Articuler environnement et développement requiert donc une attention aux contingences locales autant qu’aux dynamiques globales. Dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation, cette combinaison des échelles est claire : les arbitrages sur les usages des terres sont à analyser à une échelle régionale, voire globale (par exemple, pour optimiser le stockage de carbone à travers le monde), mais les pratiques culturales, la disponibilité des ressources (en particulier en eau) ou encore les modes de vie sont à envisager à l’échelle de territoires hétérogènes. En deçà même des communautés, les individus n’ont pas tous les mêmes valeurs, croyances, préférences et perceptions, y compris dans le rapport entretenu avec l’environnement. Il est dans ce cadre important de concevoir des instruments de politique environnementale et des indicateurs de suivi, qui tiennent compte de cette pluralité des échelles.
Dans sa plénière, J. Rozenberg a rappelé les contingences nationales, voire locales, des définitions du bien-être, ainsi que des facteurs de vulnérabilité économique, sociale et environnementale. Convoquer un indicateur comme une perte de PIB potentiel pour inciter un gouvernement à prendre des mesures d’atténuation du changement climatique n’est pas toujours opérant, encore moins dans des régions du monde où les inégalités de revenus sont telles qu’un seul chiffre agrégé n’est pas pertinent.
La session sur l’action climatique en milieu urbain a souligné de son côté les forts enjeux de mise en œuvre des politiques climatiques, en particulier quand il ne s’agit plus seulement d’incitations mais de mesures plus contraignantes comme, en France, l’instauration de zones à faibles émissions (ZFE) ou l’interdiction de mise en location des logements les plus énergivores. Les ZFE suscitent de nombreuses controverses du fait de l’hétérogénéité des territoires. Certaines métropoles sont, par exemple, mieux dotées en transports en commun que d’autres. Les collectivités locales ont certes la possibilité d’adapter les périmètres de leurs ZFE et leur calendrier, mais cette flexibilité n’est peut-être pas suffisante.
Comme l’a rappelé la table ronde finale du colloque, la mise en œuvre des politiques environnementales au niveau local renvoie aussi à la concrétisation des objectifs nationaux ou internationaux fixés par les autorités publiques. Lorsque le Conseil d’État enjoint l’État français à prendre des mesures pour respecter la stratégie nationale bas carbone ou la loi climat et résilience, il souhaite voir les déclarations d’intentions se concrétiser à l’échelle de tous les territoires. La neutralité carbone à l’horizon 2050 implique notamment une sortie des énergies fossiles. Dans les régions où la pétrochimie et le secteur de la raffinerie sont importants, les conséquences pourraient ne pas être négligeables. Pour préparer ces changements structurels, la recherche a toute sa place, en étudiant des cas historiques ou contemporains similaires de sorties de systèmes sociotechniques (Koretsky et al., 2022).
Les économistes ont pour coutume de bâtir des grands scénarios à l’échelle macro. Si cette approche permet d’appréhender des effets systémiques, comme ceux des dynamiques sectorielles, elle échoue à prendre en compte des variables qui, même si elles paraissent secondaires à cette échelle, n’en sont pas moins décisives pour la mise en œuvre et la confrontation des différentes politiques au niveau local. Cette descente en échelle suppose de mieux caractériser le réseau complexe de contingences et d’interdépendances, décisif au niveau local, et donc de produire des scénarios complémentaires à une échelle plus micro. À cet égard, Sachs (1974) employait le concept d’« éco-région » pour définir un espace aux ressources spécifiques à disposition d’une population donnée. Cette échelle, qui n’est pas sans rappeler ce que l’on nomme aujourd’hui socio-écosystème, ou ce que l’on appréhende autour des biorégions, mériterait très certainement d’être observée de près pour la réalisation de scénarios dédiés7.
Ainsi en va-t-il en agriculture, par exemple. Les échanges lors du colloque ont souligné les enjeux sanitaires, d’emploi, de tissu social associés à ce secteur au niveau local, alors qu’ils ne ressortent souvent que marginalement dans les analyses macro-économiques. De la même manière, la nécessaire implication des collectivités locales au plus près du terrain, dans les processus de transition écologique, a été soulignée, du fait de l’intrication des enjeux environnementaux, sociaux et culturels qui caractérisent la mise en œuvre de cette transition à ce niveau (par exemple, lorsqu’il s’agit d’aménagement d’espaces verts ou de l’accompagnement de travaux de rénovation énergétique).
L’articulation entre les différents échelons de gouvernance et le dialogue entre toutes les parties prenantes sont donc décisifs pour la mise en œuvre des politiques environnementales, en particulier quand l’information est inégalement distribuée. Dans le cas des ZFE, par exemple, le volontarisme de certaines municipalités ou instances métropolitaines peut se heurter à la précarisation de certains habitants mal identifiés par leurs administrations, car habituellement pris en charge par des services sociaux départementaux ou nationaux.
En termes d’agenda de recherche, un message central du colloque a été la nécessité de disposer d’informations précises et fiables sur les populations cibles. N. D. Rao a particulièrement insisté sur l’importance de se rendre sur les terrains d’étude pour y mener un travail descriptif fin des réalités, notamment sociales.
L’intérêt des approches participatives a aussi été souligné pour aider les chercheurs à élargir leurs réseaux et à mieux appréhender les attentes des populations, via la coconstruction de scénarios de sobriété ou de protection de la biodiversité, par exemple.
L’articulation des temporalités
Il est aujourd’hui admis que l’un des enjeux afférents aux crises écologiques et climatiques tient au choc des temporalités entre le court terme des intérêts économiques et politiques et le long terme des inerties environnementales et des dépendances au sentier créées par les choix sociotechniques du passé.
L’articulation des temporalités est apparue comme un sujet majeur du colloque. Si nous connaissons les technologies disponibles à court terme, leur mise en œuvre ne nous met pas moins face à des obstacles imprévus (enjeux d’acceptabilité, impacts sur le milieu, etc.). Il est dès lors tentant de reporter l’effort à réaliser aujourd’hui sur l’horizon de long terme, plus plastique car moins bien connu. Pour autant, les options de long terme ne font pas toujours l’objet d’investissements effectifs de la part de tous les acteurs (McLaren et Markusson, 2020). Ces asymétries de connaissance (coûts, potentiels) entre court et long termes compliquent la négociation sur le partage des efforts de court terme (par exemple, lors de l’arrêt du développement et de l’utilisation des énergies fossiles).
Au-delà des enjeux de chronologie, les considérations qui précèdent ont été mises en relation avec la dimension construite et politique des temporalités et résonnent avec des analyses récentes des processus de transition énergétique, montrant que cette construction complique la prise en charge collective du court terme (Labussière et Nadaï, 2020). Trois dimensions de cette construction ont été discutées lors du colloque.
La première concerne l’enjeu de sobriété, porté au cœur du débat politique à l’occasion de la guerre en Ukraine (à partir de 2022), et dont il convient de distinguer plusieurs formes et temporalités. La sobriété réactive, consistant en une adaptation, souvent labile et de court terme, se distingue d’une sobriété systémique permise par une modification durable et multidimensionnelle des systèmes sociotechniques.
La deuxième dimension concerne la promesse de démonstration technologique qui accompagne la construction des futurs. Les futurs émergents ne sont pas neutres politiquement. La nécessité d’une inflexion technologique rapide pose la question de qui porte et à qui profite ce tournant. En positionnant les acteurs économiques au cœur des processus de transition, les politiques de démonstration leur confèrent les moyens financiers et juridiques (bac à sable réglementaire) d’orienter la construction de ces futurs, et soulèvent des interrogations sur les modalités de montée en échelle et d’articulation avec le niveau local (blitzscaling vs. deepscaling).
La troisième dimension concerne une évolution récente de la manière d’aborder les temporalités, sous le terme de gapology (analyse de l’écart). Alors que l’écart entre les trajectoires d’émissions désirables pour respecter les objectifs climatiques et les trajectoires effectives s’accroît, la façon d’envisager les changements à mettre en œuvre est passée d’un enjeu de changement marginal, centré sur la dimension quantitative et physique de la lutte contre le réchauffement climatique (quelle quantité de carbone en moins), à un enjeu transformatif qui incorpore des questions d’échelle et de justice. La notion de transition juste, devenue centrale, recouvre des enjeux tels que l’usage des sols, la précarité énergétique, l’accès à l’alimentation, aux transports, etc. La définition et la mise en œuvre de cet agenda transformatif appellent à plus d’interdisciplinarité et à une participation accrue des sciences sociales au-delà de l’économie (sociologie, psychologie, anthropologie, histoire, études culturelles).
Enfin, la concaténation des horizons induite par les échéances climatiques a aussi été évoquée à l’occasion de discussions sur l’engagement militant vers une autre façon de concevoir la pratique scientifique. À mesure que ces échéances se précisent (2030 pour le pic d’émission de CO2), la possibilité de reporter l’action s’efface pour laisser place à un sentiment d’urgence, auquel les chercheurs réagissent de manières contrastées : difficulté à concevoir et dire les nécessaires mais peut-être intenables changements radicaux à venir ; questionnement de la posture scientifique traditionnelle et de sa distinction vis-à-vis de l’engagement militant. Si certains privilégient des stratégies d’inflexion de la recherche et de ses agendas, d’autres préfèrent conserver le discours scientifique en marge de l’arène des luttes politiques.
La coopération Nord-Sud
Depuis le premier sommet de la Terre, à Stockholm en 1972, le dialogue Nord-Sud a marqué de son empreinte les débats sur les grandes questions environnementales. Il témoigne des difficultés, encore aujourd’hui, à dépasser les malentendus autour du dilemme entre préservation de l’environnement (et son potentiel corollaire d’un renoncement à certaines activités économiques) et besoins de développement.
Il est ressorti du colloque qu’un premier enjeu consiste à définir les jalons d’un nouveau cadre de coopération qui repose sur un partage équitable des efforts (investissement dans les technologies bas carbone, renoncement à l’exploitation de ressources fossiles, financements publics et privés, etc.) pour affronter les grands défis écologiques à venir. L’histoire des négociations sur le climat apporte certains enseignements pour repenser ce cadre et préciser les contours et les critères du concept encore flou de global justice. Sans grande surprise, il n’y aura pas d’engagement fort du Sud global (en particulier des grands émergents) si le Nord global n’est pas exemplaire dans l’action climatique et si les transferts financiers vers les pays les plus vulnérables ne sont pas à la hauteur des attentes.
Par ailleurs, comme l’a montré le protocole de Kyoto, une logique top-down exclusive de partage des émissions ou d’un budget carbone (burden sharing) représente une impasse diplomatique et conceptuelle. L’accord de Paris incite plutôt à envisager le partage des efforts en favorisant et en mettant en cohérence des actions bottom-up de décarbonation justes (national fair efforts of mitigation) vers l’objectif global de neutralité carbone. Cela n’est pas sans poser la question de l’évaluation de l’équité de ces efforts (Dooley et al., 2021).
Cette mise en cohérence touche à un autre sujet sensible des rapports Nord-Sud, à savoir la répartition future des fruits de la croissance et des modes de développement sous-jacents. Le débat est ancien mais, face au défi de la maîtrise du réchauffement climatique et hors bonne surprise technologique, des changements structuraux profonds dans les styles de développement, pour reprendre une expression mobilisée par Sachs (1974), seront nécessaires dans les prochaines décennies.
Comme indiqué plus haut, la mise à l’agenda récente de la notion de sobriété peut ici servir d’horizon. Une croissance plus sobre au Nord global pourrait permettre au Sud global de continuer à se développer sans perdre de vue l’objectif de décarbonation au-delà de 2050. Mais comment rendre possible un tel compromis sans que cela ne soit perçu comme un sacrifice par les populations et les gouvernements ? À défaut d’apporter des réponses claires sur les modalités de négociation, il a été souligné, notamment par J. Rozenberg, l’importance de s’attaquer aux fractures sociales internes au Nord global et au Sud global et d’articuler des objectifs de développement, de sobriété (énergétique en particulier) et d’amélioration de la qualité de vie, si l’on veut conduire une transition vers la neutralité carbone.
L’optimisme des années 1990 à l’égard du multilatéralisme onusien et de la mondialisation s’est par ailleurs largement érodé. D’une part, l’interdépendance des économies et la globalisation des flux de capitaux ont accru la dépendance du Sud global (surtout des pays les plus pauvres) à une finance mondialisée. La vulnérabilité qui en résulte peut déboucher sur un véritable cercle vicieux : plus le risque pays (en matière d’investissement) est fort, moins la possibilité d’accéder aux capitaux internationaux est importante, plus faibles sont les marges de manœuvre pour financer la transition (Hourcade et al., 2021). D’autre part, les crises récentes – crise financière de 2008, pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine – ont montré les limites de la mondialisation et le risque d’une fragmentation croissante, aux dépens de toute initiative sérieuse de coopération. Dans ce contexte de recomposition (partielle) des équilibres internationaux et interrégionaux, les choix futurs en faveur d’une réorientation des modes de production et de consommation alimentaires auront des répercussions sur les économies productrices de matières premières (énergies fossiles, denrées agricoles).
Dès lors, les modalités d’une gouvernance internationale doivent être repensées de manière à rendre possible un pacte de coopération Nord-Sud. Si la réforme des institutions internationales n’était pas à l’ordre du jour du colloque, quelques propositions visant à accélérer la coopération autour des enjeux de bifurcation des modes de développement ont été esquissées, comme la mise en œuvre d’un espace de dialogue pour faciliter dans les pays du Sud global des stratégies de développement acceptées par tous, fondées sur des technologies bas carbone possiblement divergentes des technologies développées dans les pays du Nord global − on retrouve l’idée de technologie appropriée très présente dans le projet d’écodéveloppement. Il a aussi été question de la mise en place d’instruments de financement dédiés (multilatéraux et bilatéraux) pour que les pays les plus pauvres puissent engager leur transition écologique, et de clubs de pays aux intérêts convergents comme « catalyseurs » de l’action.
Ces recompositions à l’échelle internationale dessinent les grandes lignes d’un agenda de recherche pour les travaux de prospective à l’interface des questions énergie-économie-environnement. En sus d’une meilleure prise en compte de l’articulation court terme-long terme dans les exercices de modélisation, comme suggéré plus haut, l’intégration des enjeux macrofinanciers de la transition, ainsi que des nouvelles répartitions géographiques des chaînes de valeur et de production (industrielle et extractive) dans un contexte de sortie progressive des énergies fossiles, constitue également un point aveugle à éclairer.
Capabilités et sobriété : redéfinir les besoins et le bien-être
Aujourd’hui comme hier au moment de la naissance de l’écodéveloppement, renoncer au développement paraît impossible lorsqu’une extrême pauvreté persiste dans certains pays du Sud global. Comme esquissé précédemment, considérer un partage bottom-up de l’effort (plutôt que celui, top-down, des émissions) est l’une des voies possibles pour aller de l’avant. La redéfinition de la croissance, des besoins et du bien-être, à travers des alternatives aux styles de développement jusque-là en vigueur dans les pays du Nord global, en est une autre. Comme rappelé par A. Pottier (2023), l’écodéveloppement s’est positionné dès les années 1970 sur ce sujet, en promouvant un développement permettant de lutter contre la pauvreté tout en refusant l’enrichissement outrancier de certaines parties du globe. Les outils conceptuels disponibles pour réfléchir à ces styles de développement et à la redéfinition des objectifs économiques et sociaux des populations apparaissent aujourd’hui plus nombreux qu’il y a cinquante ans.
Le colloque a proposé des voies de réflexion en partant de constats particulièrement éloquents. N. D. Rao a souligné l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre des pays du Sud global en même temps que la persistance de la pauvreté. La demande totale d’énergie est d’ailleurs supérieure à celle nécessaire pour assurer les besoins essentiels et ce, partout dans le monde. Si ce constat n’est guère surprenant dans les pays du Nord global aux modes de vie dispendieux, cela l’est davantage dans certains pays du Sud global, illustrant de fortes inégalités d’accès aux ressources et aux services nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels.
Autre constat : si, généralement, le sentiment de bien-être individuel augmente avec le niveau de revenu, on note dans la littérature des controverses sur l’existence d’un seuil à partir duquel ce bien-être, subjectif ou mesuré à l’aide d’indicateurs objectifs (conditions matérielles et physiologiques), n’augmenterait plus (Jackson, 2009 ; Killingsworth, 2021). Peut-on en déduire l’existence de consommations que l’on pourrait dire superflues, c’est-à-dire des consommations sans effet sur le bien-être ? Répondre à cette question est d’autant plus difficile que les travaux économiques peinent à relier de façon convaincante consommation et bien-être, notamment en raison de modes de collecte de données qui fonctionnent en silos (données démographiques et de santé, dépenses de consommation, bien-être subjectif, etc.).
Ces constats invitent à se pencher précisément sur la notion de consommation pour mieux articuler les enjeux environnement-développement au sein des trajectoires bas carbone. Assurer un niveau de vie individuel et collectif décent reste la priorité et passe par une réflexion sur les consommations essentielles à satisfaire. La notion de capabilité proposée par Amartya Sen (2010), certains indicateurs anciens comme l’indice de développement humain, ou encore l’existence de seuils sociaux à atteindre tels que ceux mis en exergue par Kate Raworth (2017) dans sa théorie du donut, peuvent être utiles dans cette voie. Cela exige l’acquisition de données à une échelle fine sur les besoins matériels réels des ménages et sur ce que seraient des niveaux de vie considérés comme décents par les populations elles-mêmes.
J. Rozenberg a aussi souligné qu’au-delà des grands indicateurs comme le PIB, le développement et le bien-être devaient d’abord être évalués par des manifestations concrètes : accès à la nourriture, au logement, quantité et qualité des infrastructures de santé et de transport, etc. À cela s’ajoutent des composantes immatérielles comme le cadre démocratique et les libertés disponibles. Cette constellation requiert une multitude de regards disciplinaires, de la psychologie à la médecine et la science politique, notamment.
Comme pour l’articulation des temporalités et la coopération Nord-Sud exposées ci-dessus, la sobriété est apparue ici comme un élément fort de la définition des besoins. Dans ce cadre-ci, plusieurs définitions de la sobriété coexistent : sobriété foncière, d’usage, collaborative et conviviale pour reprendre les termes d’Ivan Illich (1973). La question de la sobriété interroge nos besoins, la manière de les satisfaire et de les envisager dans le cadre des limites environnementales, le tout dans le respect de la démocratie, en considérant aussi l’articulation des politiques d’offre et de demande (pour ne pas la faire reposer sur les seuls comportements individuels).
Dans cette logique, plusieurs intervenants ont appelé à la construction de scénarios fondés sur des approches systémiques qui combinent la matérialité des besoins et les capacités (individuelles et collectives) des individus à les satisfaire. Si l’articulation des notions de capabilités et de soutenabilité n’est pas nouvelle (voir, par exemple, Ballet et al., 2011), l’ancrage de cette articulation au sein d’outils de modélisation prospective reste un défi à relever pour la recherche contemporaine.
Enfin, il a été question d’encourager de plus amples travaux sur le lien entre bien-être et usages du temps – un projet qui n’est pas sans rappeler certains textes de Sachs (1980 ; voir aussi Pottier, 2023) –, la quantité de temps disponible en complément de la satisfaction des besoins (essentiels) pouvant être considérée comme un proxy d’une certaine forme de bien-être.
Conclusion
Penser l’articulation environnement-développement demeure un impératif de premier ordre au XXIe siècle. Les périls écologiques sont chaque jour plus nombreux et l’aspiration au développement reste prégnante dans de nombreux pays, en particulier du Sud global.
Le colloque organisé par le Cired les 30 et 31 mars 2023 a mis en exergue la nécessité de prêter attention aux contingences locales, à l’échelle de l’éco-région plus que de découpages administratifs parfois peu pertinents d’un point de vue socio-écosystémique. Il a souligné le besoin de coopération Nord-Sud ou encore les atouts de la recherche participative.
Sur ces sujets, l’écodéveloppement promu par I. Sachs dans les années 1970 semble, en partie, conserver une actualité. À l’époque déjà, il était question de l’adaptation des outils théoriques aux contextes d’étude. L’attention aux pays du tiers-monde était forte et l’idée de développement endogène appelait à l’engagement des acteurs dans l’élaboration des trajectoires à suivre. À l’heure où la notion de développement durable semble éculée – ce que la plupart des intervenants au colloque ont reconnu –, en raison de son caractère trop consensuel, des récupérations dont elle a fait l’objet et de son échec à transformer profondément les styles de développement en vigueur depuis trente ans (Godard, 2005 ; Pestre, 2011 ; Chiapello et al., 2020), l’écodéveloppement paraît, lui, plus en phase avec certaines attentes contemporaines où bottom-up, hétérogénéité des situations et remises en question des modes de vie, voire plus, s’installent dans le débat public8.
Cinquante ans après, il serait néanmoins hardi de dire que l’écodéveloppement n’a pas pris une ride – sans revenir d’ailleurs sur les raisons qui ont fait qu’il n’est pas parvenu à s’imposer pleinement dans les années 1970 et 1980. Aux blocs soviétique et capitaliste, et au tiers-monde, s’est substitué un monde davantage fragmenté, avec un Sud global qui n’a d’homogène que le nom. Entre les pays les moins avancés, les grands émergents et certaines puissances de jadis sur le déclin, les intérêts nationaux sont extrêmement divers, et la remise en cause des institutions de la gouvernance internationale est forte, appelant les catégorisations traditionnelles de l’écodéveloppement (pays du Sud, pays du Nord, multilatéralisme) à un aggiornamento.
La grille centrale d’analyse mobilisée à l’époque, autour du triangle consommation-technique-localisation, s’avère également moins à même de rendre compte des intrications complexes entre comportements, systèmes sociotechniques et aménagement du territoire. On le sait désormais, les comportements de consommation ont partie liée avec un certain nombre d’infrastructures (matérielles et immatérielles). Consommations, techniques et localisations se déterminent les unes les autres. Les outils heuristiques de l’écodéveloppement sont donc appelés à être mis à jour pour tenir compte de ces interdépendances et intégrer également de nouveaux éléments, par exemple le numérique, qui pèsent dans les trajectoires des sociétés du XXIe siècle. La notion même de développement endogène mérite à partir de là d’être augmentée, pour aller encore plus loin qu’aux origines sur la finalité du développement sous-jacent à ces trajectoires.
Parmi les priorités ressorties du colloque, notons que la sobriété, certes déjà présente en filigrane dans les années 1970, semble aujourd’hui au cœur des réflexions, à la fois pour réduire l’empreinte écologique des pays du Nord global et pour imaginer des trajectoires de développement pour les pays du Sud global qui ne soient pas prédatrices de ressources.
Enfin, si l’on devait retenir un appel lancé au cours du colloque, ce serait probablement celui portant sur la production d’observations et de données. Dans les années 1970 et 1980, notamment au Cired, la collecte de données occupait déjà les esprits mais, le plus souvent, à travers le recensement d’études de cas plutôt qualitatives. Aujourd’hui, il doit être possible d’aller plus loin, en combinant données qualitatives et quantitatives. Cela semble d’autant plus impératif que la mise en œuvre des politiques de transition requiert une connaissance fine des territoires – J. Skea l’a rappelé avec force lors de son intervention conclusive.
En définitive, poursuivre l’aventure commencée par I. Sachs dans les années 1970 s’avère à la fois possible et prometteur, à condition d’adapter les outils disponibles aux réalités du XXIe siècle. Le colloque organisé par le Cired a permis d’esquisser des premières pistes en ce sens, qu’il conviendra de consolider à l’avenir par une communauté de recherche interdisciplinaire la plus large possible.
Remerciements
Les auteurs remercient l’ensemble des participantes et participants au colloque anniversaire du Cired, en particulier les responsables de sessions ainsi que celles et ceux qui, par leurs prises de notes, ont permis la construction de cette restitution. Merci à Franck Lecocq, Thierry Brunelle, Louis-Gaëtan Giraudet et Antonin Pottier pour leurs relectures attentives d’une version préliminaire de ce manuscrit. Merci enfin aux relecteurs de Natures Sciences Sociétés pour leur aide précieuse dans la finalisation du texte.
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On trouvera des textes d’hommage à Ignacy Sachs sur le site du Cired – notamment, celui de Jean-Charles Hourcade, https://www.centre-cired.fr/wp-content/uploads/2023/08/Hommge-Ignacy-Sachs-JCH.pdf. On se permet aussi de renvoyer à l’entretien entre I. Sachs et J. Weber publié dans NSS en 1994 : Sachs I., Weber J., 1994. Environnement, développement, marché : pour une économie anthropologique. Un entretien avec Ignacy Sachs, Natures Sciences Sociétés, 2, 3, 258-265, https://doi.org/10.1051/nss/19940203258.
Voir aussi dans ce numéro, « Les 50 ans du Cired », Jacques Theys.
Voir, dans ce même numéro, la recension de cet ouvrage, rédigée par Catherine Figuière.
Le programme complet du colloque est disponible ici : https://www.centre-cired.fr/cired-50-programme/.
Citation de l’article : Boemare C., Cassen C., Missemer A., Nadaï A., 2024. Articuler environnement et développement au XXIe siècle : les nouveaux défis de l’écodéveloppement. Nat. Sci. Soc., https://doi.org/10.1051/nss/2025010
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